Nice-Matin (Cannes)

Et après, on fait quoi?

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Après le temps des réparation­s, de la reconstruc­tion, viendra très vite celui des questions. Des enseigneme­nts seront-ils tirés de cette énième catastroph­e? Était-elle évitable? Peut-on se protéger d’un tel phénomène ? L’alerte a-t-elle été suffisante ? Des fautes ont-elles été commises? Toutes ces questions taraudent les sinistrés. Pour tenter d’y répondre, Adolphe Colrat, préfet des Alpes-Maritimes s’est vu commander par les ministres de l’Intérieur et de l’Écologie un rapport sur ces événements.

Un rapport définitif en février

Un premier volet, a été livré le mois dernier. Une deuxième série d’enquêtes est en cours. Ces deux volets permettron­t de rendre un rapport définitif à la mi-février, selon la préfecture. «Il proposera des mesures pour tenter de comprendre ce qui s’est passé », souligne Philippe Castanet, sous-préfet de Grasse. Sans langue de bois, et au risque de choquer, il ajoute : « On ne pourra hélas se protéger de tout. » Impossible en effet, selon lui, de se prémunir contre un phénomène tout simplement hors normes. «Il dépasse tout ce qui a jamais existé. C’est une pluie, dans ces niveaux-là, qui ne revient que tous les deux ou trois siècles. Nos normes sont calculées sur une protection contre les événements dits “centennaux”, c’est-à-dire qui se produisent une fois par siècle. Le courage est sans doute une nécessité, mais lorsqu’une rivière modeste se transforme en fleuve aussi important que La Seine en période ordinaire, aucun équipement ne suffit. N’oublions pas que la pluie a été si intense le 3 octobre au soir qu’elle a même déchaussé des arbres sains !». Et de citer le vallon de la Foux, entre Le Cannet et le bord de mer de Cannes, qui a vu se déverser neuf fois plus d’eau que ce qu’il pourrait absorber. « Le nettoyer certes, mais vous pouvez le récurer de fond en comble, le nombre de tonnes d’embâcles entraîné est tel dans un phénomène comme celui-ci que cela ne changerait rien. »

« Créer une culture de l’alerte »

Le sous-préfet de Grasse annonce que des mesures seront prises à la suite du rapport. Ici en amendant un plan de prévision des inondation­s, là en créant un bassin de rétention de crue. « Il y aura des choses importante­s à réaliser, mais j’insiste sur la nécessité de prendre le temps. Certes nous sommes tous très impatients de voir des solutions se mettre en place, mais si c’est pour mettre en oeuvre les pelleteuse­s pour un résultat nul, on aura dépensé de l’argent pour rien. » L’alerte météo pourrait se trouver au banc des accusés. « Aucun modèle météorolog­ique ne donnait, même à 20 heures, plus de la moitié de la pluie qui tombait déjà. » Une défaillanc­e? « Je n’emploierai­s pas ce mot-là », commente Philippe Castanet. « Mais quand on examine les situations des victimes, seize sont décédées en se déplaçant. Il faut créer une culture de l’alerte. Il y a de nombreuses mesures à prendre, comme par exemple rappeler les hauteurs de crues sur certains bâtiments. Car, le temps passant, l’homme oublie ce type d’événements. Ces marques sont des rappels importants. »

 ??  ?? Éviter que de nouvelles crues ne conduisent à des drames : c’est tout l’enjeu de demain. (Photo F. C.)
Éviter que de nouvelles crues ne conduisent à des drames : c’est tout l’enjeu de demain. (Photo F. C.)

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