Lutte contre le terrorisme : Juppé détaille ses positions
Dans une longue interview au Journal du dimanche, le candidat à la primaire de la droite s’explique sur l’état d’urgence, les « fichés S »...
Se distinguer, sur le plan sécuritaire, à la fois de Nicolas Sarkozy et de François Hollande: c’est l’exercice délicat auquel se livre l’ancien Premier ministre Alain Juppé dans une interview au Journal du dimanche, avant un livre-programme à venir dans les bacs ce mercredi, Pour un État fort. Sur le sujet – brûlant – de la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français et condamnés pour terrorisme, le candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017 estime ainsi que ce n’est « pas une réforme utile. Son efficacité sera faible, voire nulle. Elle ne permettra pas de prévenir de nouveaux actes terroristes. [...] C’est un coup politique de François Hollande pour semer de la confusion dans le débat. De ce point de vue, c’est plutôt réussi ! Mais dans un moment où notre pays a besoin d’unité et d’apaisement, c’est un acte de mauvais gouvernement. » S’il était parlementaire, voterait-il cette mesure ? Oui, « à condition que le texte définitif se limite aux incriminations déjà prévues dans le Code civil pour la déchéance des Français binationaux naturalisés » – c’est le cas dans le projet de loi préparé par l’exécutif. Abordant la question d’une éventuelle prolongation de l’état d’urgence, il dit « ne pas y être hostile par principe ». « Mais, relève-t-il, cela pose un problème de constitutionnalité » et « tous ceux qui se sont précipités en disant “Niet” àla réforme de la Constitution sont peut-être allés un peu vite. »
Il tacle Sarkozy sur les fiches S
Sur la question des « fichés S », il se démarque nettement de son grand rival, Nicolas Sarkozy : « Après les attentats, tout le monde s’est précipité en disant “Il faut mettre à l’ombre toutes les personnes qui font l’objet d’une fiche S”. C’est une réaction épidermique. [...] Il faut agir avec discernement. [...] L’idée de mettre tout le monde dans un grand camp est absurde. » Enfin, s’agissant des 5 000 policiers et gendarmes supplémentaires annoncés par le chef de l’État, il reconnaît qu’« il y a incontestablement un effort à faire. J’ai reconnu que nous avions sans doute eu tort d’en supprimer 13000 avant 2012. Mais recruter et former un gendarme, cela demande deux ans. Donc, il faut dans un premier temps redéployer nos moyens. »