Nice-Matin (Cannes)

- : Scorpions rapplique dard-dard

Huit rééditions pour célébrer leur 50 ans de carrière et pour vérifier combien les tontons teutons furent héroïques...

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Klaus Meine et Rudolf Schenker l’avaient juré dans ces colonnes. La retraite avait sonné. Rideau après le Final Sting Tour débuté en 2010 ! Plus de scène ni d’albums par peur de finir par décevoir les fans. Depuis le dard hard s’est requinqué face au succès de la tournée d’adieu et Scorpions est actif comme jamais... Dernière trouvaille en date. Ressortir huit albums (BMG/SPV) confits de bonus pour célébrer leurs cinquante ans de carrière. Alors, utile ou futile ?

Le + dispensabl­e

Love At First Sting (1984) De loin le plus populaire mais donc aussi le moins crucial à « redécouvri­r » car déjà dans toutes les discothèqu­es. Reste la tonne de bonus qui l’accompagne pour justifier l’acquisitio­n de ce qui demeure le plus épais coffret des huit rééditions. Les bonus : Le live au Madison Square Garden de 1984 version CD. Les clips, plateaux télé et making of de l’album pour le DVD.

Le + vital

Taken By Force (1977) Le Scorpions que l’on aime ! Le réécouter dépoussiér­é des scories de la vieille cassette conservée de l’adolescenc­e avec un son qui claque, enchante forcément. Premier album avec Herman Rarebell derrière les fûts mais dernier avec Uli Jon Roth (voix, guitares) trop perché et hendrixien pour ses camarades rockeurs, Taken By Force mêle le meilleur de leurs deux univers comme l’attestent les fabuleux Steamrock Fever, The Riot of Your Time, He’s A Woman-She’s A Man et The Sails of Charon. En revanche la réappariti­on de la pochette originelle – censurée à l’époque chez nous – montrant des enfants jouant avec des armes dans un cimetière militaire français n’était pas indispensa­ble... Les bonus : Six inédits pas inoubliabl­es. Pour l’essentiel des démos, un instrument­al inachevé et une face B, Suspender Love.

Le + vibrant

Tokyo Tapes et World Wide Live (1978 et 1985) Entre les deux live historique­s du groupe, on ne tergiverse pas une seconde. Tokyo Tapes demeure LE bijou du lot. World Wide Live incarne le groupe au sommet (énergique et commercial) mais n’atteindra jamais les monuments de frissons provoqués par In Trance ou le Kojo No Tsuki repris par Meine face au public nippon. Les bonus : Un CD live supplément­aire pour Tokyo Tapes avec notamment l’hymne nationale japonaise « scorpionis­ée ». Un DVD sur la tournée de 1984-85, côté scène et coulisse, plus un making of pour World Wide Live.

Le + collant

Lovedrive (1979) Pour sa pochette au « sein chewing-gum » jadis obsédant pour tout ado prépubère. Mais aussi pour ses titres accrocheur­s, équilibres parfaits entre furie hard rock (Another Piece of Meat, Can’t Get Enough...), mélodies finement taillée (Loving You Sunday Morning, Lovedrive...), premières ballades d’anthologie ( Holiday, Always Somewhere...) et même un inattendu reggae (Is there anybody there ?). Les bonus : Du costaud avec un DVD live au Japon en 1979 et un doc de 47 minutes sur la conception de Lovedrive.

Le + sentimenta­l

Animal Magnetism (1980) Car premier album acheté du groupe pour son inénarrabl­e The Zoo, sommet stylistiqu­e d’un dard en pleine croissance. Les bonus : Six démos inédites dont la curiosité Hey You avec Rudolf Schenker au... chant.

Le + brise-glace

Blackout (1982) Bien sûr pour sa pochette qui fait tout voler en éclats et ses titres coups de poing d’une intensité rare comme Now !, Can’t Live Without You ou Dynamite qui à l’époque nous faisait bondir à décrocher le lustre. Les bonus : Plusieurs démos et un DVD avec notamment un live à Dortmund en 1983 qui achève de planter les fourchette­s dans les yeux.

Le + anecdotiqu­e

Savage Amusement (1988) L’album qui signe le début de la fin... Certes, cette galette n’est pas la pire de leur carrière et s’avère même dix fois meilleure que leur dernier effort Return To Forever (2015) qui vient, lui aussi, de ressortir frappé du drapeau bleu-blanc-rouge avec des inédits dont on se contrefich­e. Mais tout de même, avec ce virage commercial, Scorpions se prend le dard dans la poire. Fin 80, le groupe, alors balayé par les compatriot­es Accept et autre Helloween, a fait son temps auprès des fans de métal. Leur audience est désormais autre. Et plus vaste. Tant mieux pour leur tiroir-caisse que ces coffrets feront de nouveau tinter. Les bonus : Des démos, la reprise des Who I Can’t Explain, des vidéos, la genèse de l’album et surtout un documentai­re sur la tournée de 1988 en terre russe. Soit l’impensable : du hard rock de l’ouest qui se « chauffe » à la guerre froide !

« Les Stones, peuvent continuer jusqu’à leur mort. Pas nous qui jouons du hard rock basé sur l’énergie. »

Klaus Meine en 2011 alors qu’il annonçait la fin du groupe qui depuis n’a jamais été aussi actif.

 ?? (DR) ?? Trente-huit ans, la mode et « quelques » membres différenci­ent le Scorpions de Taken By Force (à gauche) et celui d’aujourd’hui réuni autour du noyau dur Rudolf Schenker et Klaus Meine.
(DR) Trente-huit ans, la mode et « quelques » membres différenci­ent le Scorpions de Taken By Force (à gauche) et celui d’aujourd’hui réuni autour du noyau dur Rudolf Schenker et Klaus Meine.
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