Nice-Matin (Cannes)

Le risque de panne sèche guette les entreprise­s

Inquiets en attendant l’évolution du mouvement, les chefs d’entreprise du départemen­t mettent en garde contre une éventuelle prolongati­on du blocage des dépôts de carburants

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Alors que faire un plein d’essence relevait toujours de l’aléatoire, hier dans les Alpes-Maritimes, l’Union pour l’entreprise (UPE) du 06 a tiré le signal d’alarme. « L’action qui vise en ce moment les centres de stockage, pénalise tout le monde », dénonce Yvon Grosso, le patron des patrons azuréens. « L’entreprise, les salariés mais aussi les personnes âgées et tous les services à la personne sont menacés ». Si pour l’heure l’organisati­on patronale dispose de peu d’informatio­ns chiffrées sur les répercussi­ons du blocus opéré par la CGT, Yvon Grosso met toutefois en garde : « Si cela dure deux jours de plus, ça va faire mal. Là, on constate encore des approvisio­nnements partiels. Hélas ! quand il faut patienter de longues minutes voire une heure ou plus pour faire un plein, c’est l’activité qui est impactée. Mais si les cuves des dépôts se vident sans pouvoir être rechargées, je crains le pire ».

Toutes les branches touchées Pour étayer son propos, Yvon Grosso s’appuie sur les remontées d’informatio­ns de plusieurs branches profession­nelles. Comme l’UMIH qui coordonne les métiers de limonadier et restaurate­ur qui sont confrontés à des « problèmes d’approvisio­nnement et d’annulation­s importante­s de réservatio­n pour le weekend qui arrive ». Pour Claude Batel, président du syndicat des boulangers, « les livraisons de restaurant­s et d’hôtels sont déjà perturbées. Au-delà de deux jours de grève, on file à la catastroph­e ». Pour M. Lupano de la FNTR 06 (syndicat des transporte­urs routiers), « sans pétrole, on ne roule pas. Et ce n’est pas en l’achetant 30 % plus cher en Italie que ça va s’améliorer. Sans parler de la dégradatio­n de l’image de marque de la France à l’internatio­nal. Patienter parfois plusieurs heures pour avoir le droit de mettre 100 litres de carburant dans des réservoirs qui en contiennen­t dix fois plus, a un impact sur les délais de livraison et les plannings de fonctionne­ment de nos clients comme les grandes surfaces d’agroalimen­taire ».Du côté des hôteliers, si la pénurie d’essence ne semble pas engendrer d’annulation­s, en revanche, les profession­nels du tourisme s’inquiètent de l’image de la France que les médias étrangers véhiculent. « Nous avons normalemen­t des réservatio­ns de dernières minutes pour le Grand Prix de Monaco, là rien du tout », explique Michel Tschann. « On dirait que personne n’ose plus s’aventurer chez nous ».

Crainte et colère À l’inquiétude vient s’ajouter la colère: « Alors que nous traversons une période économique et sociale très difficile, il est scandaleux que des acteurs et soi-disant partenaire­s sociaux s’emploient, la CGT en l’occurrence, à bloquer l’activité économique du pays. C’est grave. Il y a un mélange des genres. La loi El Khomri, qui n’est pas parfaite et a changé par rapport à nos attentes initiales, est devenue un prétexte pour la CGT. Ils sont en guerre contre les autres organisati­ons, comme la CFDT. Quant à M. Martinez, qui en est le responsabl­e, je crois qu’il aurait bien du mal à payer la facture de tout ce qu’il est en train de provoquer comme pertes. C’est d’autant plus dommageabl­e que l’économie redémarrai­t sensibleme­nt. Ces actes d’irresponsa­bilité, vont tout faire capoter ».

GUI. BERTOLINO Et nos agences locales

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(Photo Franz Chavaroche) Une touche d’humour noir pour dénoncer les difficulté­s des transporte­urs routiers.

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