Le président des Taxis niçois jette l’éponge !
Patrice Trapani donne sa démission. « Las », dit-il, de ne pas être entendu par le gouvernement dans son combat contre Uber. Il dit redouter un blocage des matchs de l’Euro 2016 en juin
Lassé, écoeuré. Patrice Trapani, président des taxis niçois, fer de lance de la lutte contre les VTC, démissionne. C’est ce qu’il annonce à Nice-Matin. « Je suis amer, je n’ai plus de motivation, plus d’armes pour me battre contre ce gouvernement qui ne veut pas nous entendre. Il ne prend pas ses responsabilités avec Uber. » Il quittera ses fonctions le 31 mai prochain. Selon lui, le dernier Festival de Cannes a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « On a vu débarquer des VTC de toute la France et surtout de la région parisienne. Il y avait des voitures noires dans tous les coins, sans aucun moyen de les reconnaître. La préfecture a mis beaucoup de moyens pour contrôler, je salue leur travail, celui des forces de l’ordre et des services appelés en renfort, mais le combat est perdu. Eux-mêmes sont dépassés. » Il rappelle qu’il avait pourtant demandé à plusieurs reprises, lors de réunions à Paris, notamment avec Manuel Valls, Premier ministre, que les VTC soient équipés d’un badge infalsifiable et inamovible. Mais également qu’une sectorisation régionale leur soit imposée, qui leur interdirait de travailler ailleurs que dans leur région de rattachement.
Une menace sur l’Euro
? Patrice Trapani démissionne en même temps de ses fonctions nationales de premier vice-président de la Fédération française des taxis de province (FFTP). S’il renonce à ses mandats, décrypte-t-il, c’est qu’il ne veut pas être « responsable de ce qui va se passer ». Il affirme que « juin va être terrible. Jusqu’ici j’arrivais à raisonner mes collègues, mais aujourd’hui ce n’est plus possible, la profession se meurt. Quand je ne serai plus là, j’ai peur que cela parte en vrille et qu’ils ne décident de bloquer l’Euro 2016 de football ». Fort en gueule, charismatique, n’hésitant pas à engueuler Nice-Matin quand votre quotidien se faisait le relais des critiques contre les taxis, aimé ou détesté, Patrice Trapani a incarné durant quatre ans de présidence le combat des taxis contre les VTC. Tant sur la Côte d’Azur qu’au plan national. Il n’avait jamais mâché ses mots, quitte à se mettre certains de ses collègues à dos. Ce fut le cas lors d’une interview choc publiée le 10 juillet 2015 dans Nice-Matin qui avait rencontré un retentissement national. Il y dénonçait le comportement de certains de ses collègues taxis, allant jusqu’à les traiter de « brebis galeuses ». Un article qui lui avait valu le soutien d’une très grande majorité de chauffeurs et l’inimitié des autres. « Je dois dire aujourd’hui que ce coup de gueule a fait du bien, explique-t-il. J’ai vu que des collègues avaient fait des efforts ces derniers mois pour que ça aille dans le bon sens. » Il avait également fait le coup-de-poing contre des VTC à l’aéroport de Nice. Un comportement qui lui avait valu une condamnation à 500 euros d’amende en janvier dernier pour « violences volontaires en réunion » sur un chauffeur Uber. Des faits qui remontent à février 2015. Hier soir, le bureau des Taxis niçois a élu deux coprésidents par intérim. Il s’agit de Christophe Charpentier et Marc Daniel. GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr