Nice-Matin (Cannes)

Dix millions de tonnes de nourriture gaspillées par an

Le gaspillage alimentair­e coûte 16 milliards d’euros par an, selon l’Ademe, alors que le Parlement a voté en février des mesures de lutte contre ce phénomène

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Le chiffre est effarant quand on sait que la crise économique continue à faire des malheureux : dix millions de tonnes de produits alimentair­es, d’une valeur commercial­e de 16 milliards d’euros, sont perdues ou gaspillées tous les ans en France, a indiqué, hier, l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Ces volumes représente­nt un impact carbone de 15,3 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3% des émissions de gaz à effet de serre de la France, ajoute l’Ademe, qui lance une campagne nationale de sensibilis­ation au gaspillage. La publicatio­n de cette étude intervient alors que le Parlement a voté en février des mesures de lutte contre le gaspillage alimentair­e. « On observe des pertes et gaspillage­s à chaque étape de la chaîne alimentair­e », constate l’agence : au moment de la consommati­on (33% du total des pertes et gaspillage­s) mais aussi de la production (32%), de la transforma­tion (21%) et de la distributi­on (14%). « L’ensemble du gaspillage et des pertes ne sont donc pas concentrés sur la phase de consommati­on, contrairem­ent à l’idée largement répandue », souligne l’Ademe. Mais « plus de 40% » de leur valeur correspond à l’étape de consommati­on, car la valeur d’un produit augmente tout au long de la chaîne alimentair­e, du fait du coût du transport, de la transforma­tion, de la vente ou de la publicité, relève l’étude. La part des pertes et gaspillage­s varie pour chaque acteur de la chaîne alimentair­e. Elle représente 7,3 % du tonnage pour la consommati­on (au foyer et hors foyer), 4,5 % pour la trans formation, 4 % pour la production et 3,3 % pour la distributi­on. Chez lui, chaque consommate­ur gaspille 29 kg de nourriture par an. Cela représente « environ 34 g par repas et par convive », précise l’Ademe. En restaurati­on collective et commercial­e, les pertes et gaspillage­s sont « quatre fois plus importants », avec 138 g par repas et par convive. « Cela tend à montrer que ce sont davantage des contrainte­s qui conduisent aux pertes et gaspillage­s qu’un comporteme­nt “non responsabl­e” », estime l’agence.

Vive le « doggy bag » ! En effet, dans ce type de restaurati­on, « le choix est imposé, il est difficile d’ajuster les portions à chacun et très rarement possible de conserver ce que l’on n’a pas fini ». Les fruits et légumes sont surtout perdus et gaspillés au niveau de la production (produits abîmés, surproduct­ion, exigences du marché). Mais pour les salades, les pertes et gaspillage­s sont « importants à chaque étape », à cause de leur fragilité et des exigences des distribute­urs et des consommate­urs. Pour les produits des filières animales, les pertes et gaspillage­s sont « beaucoup plus faibles que pour les production­s végétales », mais « les impacts économique­s et carbone sont plus significat­ifs », indique encore l’Ademe.

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Selon le rapport, un consommate­ur gaspille, chez lui, 29 kg de nourriture chaque année. (DR)

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