Nice-Matin (Cannes)

Ricciardo a du jus

La pénurie d’essence, il ne connaît pas ! Contre toute attente, Daniel Ricciardo a hissé sa Red Bull et son moteur Renault amélioré devant les deux Mercedes, hier lors des essais libres

- GIL LÉON

Votre réservoir est presque vide ? Vous cherchez du carburant? Pour faire le plein des sens, venez donc ici ! Voilà, c’est parti. N’en déplaise à la folle rumeur qui persistait à annoncer une probable annulation pour cause de cuves vides… Quatre jours après la clôture du Festival de Cannes, l’épisode 6 de la superprodu­ction F1 a commencé à dérouler sa trame, hier. Feu vert pour le 74e Grand Prix de Monaco. Un décor de carte postale. Une scène à nulle autre pareille. Un scénario haletant, on l’espère. Et des héros qui ne jouent pas la comédie, à très haute vitesse (jusqu’à 280 km/h), sur un fil et sans filet, entre ciel et mer. En attendant de savoir qui foulera le tapis rouge et gravira les marches de la gloire, dimanche au terme des 78 tours de force, le préambule du jeudi de chauffe, scindé en deux séances d’essais libres, devait donner le ton. Comme vous le savez, il s’agit là de prendre ses marques sur le vertigineu­x toboggan de 3,340 km. Peaufiner les réglages et repères urbains. Prendre aussi la mesure des nouvelles gommes «ultra-tendres» introduite­s à cette occasion par Pirelli, histoire d’aborder la suite décisive avec un maximum d’informatio­ns.

« L’objectif : pole et victoire » Évidemment, forcément, une question, une seule, trônait en pole position dans le paddock et les tribunes à l’instant des premiers rugissemen­ts. Quid des retrouvail­les en piste entre les « frères ennemis » de la famille Mercedes ? Autrement dit, après la fin en queue de poisson de ce Grand Prix d’Espagne pour le moins éphémère, qui, de Nico Rosberg ou Lewis Hamilton, prendrait l’ascendant sur les quais du port Hercule en ramenant dans ses filets le premier temps de référence du week-end? Réponse: 1’14’’607. Signé Daniel Ricciardo ! Fallait pas l’énerver… Relégué un peu trop dans l’ombre, à son goût, par le buzz Verstappen, l’Australien voulait remettre les chronos à l’heure. Mission accomplie. Avec brio. Et probableme­nt au-delà de ses espérances. Alors que Lewis Hamilton, meilleure marque de la séance initiale (1’15’’537), semblait contrôler la situation, en milieu d’après-midi, l’unique Red Bull propulsée par un bloc V6 turbo hybride Renault RE16 amélioré s’invita en effet sans crier gare en tête de la hiérarchie. En explosant au passage le temps de la pole 2015 (1’15’’098), s’il vous plaît. Si certains ont fait connaissan­ce d’emblée avec les rails, et non des moindres (Vettel, Massa, Grosjean, Magnussen…), tandis que Button et sa McLaren croisaient la route d’une plaque d’égout baladeuse, lui est parvenu à éviter tous les pièges. Mieux, il a collé 6 dixièmes à Hamilton et 9 à Rosberg. De quoi positionne­r le team de pointe du taureau rouge autrichien au rang de rival numéro 1 des Flèches d’argent puisque les Ferrari figurent en retrait (Vettel 6e, Raïkkönen 8e) derrière Verstappen et Kvyat, également en forme. Le commentair­e de l’homme fort du jour ? «Certes, le moteur a joué un rôle, mais le châssis de la RB12 fonctionne également très bien sur ce tracé. Maintenant, voyons comment vont se dérouler les qualifs. Nul doute que les Mercedes réagiront. Franchemen­t, je serais surpris qu’on réussisse à conserver un tel écart. Seule certitude: si les conditions restent identiques, on tient le bon compromis. L’objectif, ici, c’est pole et victoire. » Au diable la pénurie ! Ricciardo a du jus à revendre…

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