Nice-Matin (Cannes)

Danielle Baudot Laksine signe un plaidoyer pour « l’électricie­n de Picasso »

- PROPOS RECUEILLIS PAR PASCALE PRIMI

On la connaît pour sa série de livres sur les paysans du pays grassois. On la connaît aussi pour le combat qu’elle a mené plusieurs années durant – avec comme seule arme sa plume – pour rendre hommages aux Justes de la vallée de la Vésubie, qui ont caché et aidé des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Infatigabl­e, Danielle Baudot Laksine revient sur le ring avec un nouveau combat. Et donc un nouveau livre. Comme toujours inattendu. Touchant. Indigné. Passionné. Ma Danse avec Picasso évoque le peintre, que Danielle a côtoyé de près dans sa jeunesse. Mais c’est surtout un vibrant plaidoyer en défense des époux Le Guennec, ce couple de MouansSart­oux poursuivi par la justice pour avoir détenu – illégaleme­nt selon l’accusation – une série de dessins et croquis de l’artiste. Eux jurent qu’ils leur ont été offerts par Jacqueline Picasso, chez qui Pierre Le Guennec, électricie­n, a travaillé des années. Les héritiers de Picasso soutiennen­t la thèse du vol. Danielle Baudot Laksine a pris fait et cause pour les Le Guennec. Elle a témoigné lors du procès – qui a abouti à des condamnati­ons dont ils ont fait appel – puis s’est lancée dans une véritable enquête dont l’aboutissem­ent est donc ce livre. Elle est aujourd’hui chez Arts et Livres, pour une journée de signatures et rencontres en deux temps. Ce matin à la librairie du Plan-de-Grasse. Et cet après-midi, au tout nouveau Forum Arts et Livres de Mouans-Sartoux.

Vous avez donc côtoyé de près Pablo Picasso. Oui, pendant plusieurs années. J’avais  ans, j’entrais aux Arts Déco. Mon père est devenu son dentiste, à Cannes. Ma mère, qui était originaire de Barcelone, a vite été proche de Jacqueline. Ma soeur et moi ne vivions que pour la peinture. Mon père aussi était passionné, mais n’aimait que les Fauves. Et pas du tout l’art de Picasso. cela ne les empêchait pas de s’apprécier et se respecter. Pour moi, il est devenu un véritable grandpère. C’était une relation très forte. Jusqu’à une soirée, quand j’avais  ans, où il m’a invitée à danser. Jacqueline est devenue folle de jalousie. Ça été la fin de cette relation. Puis je me suis mariée, je suis partie et j’ai un peu oublié tout ça. Jusqu’à ce procès.

Comment en êtes-vous arrivée à prendre la défense des époux Le Guennec ? Je suis tombée un jour, au Rouret où j’habite, sur un article de Nice-Matin qui relatait l’affaire et le procès. Le visage de ces gens sur la photo m’a bouleversé­e. Et puis j’ai été stupéfaite de voir qu’on disait qu’ils avaient volé les dessins parce que jamais Picasso ne donnait des choses non signées. Je sais que c’est faux car il en a donné devant moi. Et puis eux disaient que c’est Jacqueline qui leur avait donné un carton rempli de dessins. J’ai donc décidé de les contacter et d’aller témoigner à leur procès.

Et comment passe-t-on d’un témoignage au tribunal à un livre, écrit dans l’urgence puisqu’il fallait qu’il sorte avant le procès en appel (dont la date n’est pas fixée) ? Au tribunal de Grasse, je me suis sentie brutalisée, humiliée. On a cherché à m’intimider dans la salle des témoins. Ce procès a été pour moi d’une violence inouïe. Alors j’ai décidé de continuer à chercher. Au fur et à mesure de mes investigat­ions, ma confiance dans les Le Guennec grandissai­t. Vous n’avez aucun doute ? Non. J’ai même une absolue certitude de leur innocence. Parce que chaque fois que j’ai eu un doute, mon enquête m’a prouvé leur sincérité.

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(Photo P.P.) Danielle Baudot Laksine avec son dernier livre, Ma Danse avec Picasso.

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