Zéro de conduite pour le collège Daudet à Nice
Les surveillants ont quitté l’établissement hier midi, solidaires d’une consoeur insultée par un élève et pas soutenue, affirment-ils, par la direction
Les carnets de notes du troisième trimestre n’ont pas encore été délivrés. Pourtant, on connaît déjà celle de conduite pour le collège Alphonse-Daudet : un beau zéro pointé! En effet, en mars dernier, deux chaises, lancées par une élève, avaient volé sur la tête d’ un enseignant. Ses collègues avaient aussitôt exercé leur droit de retrait, reprochant «un manque d’autorité» de la direction de l’établissement. Hier, ce sont des insultes qui ont fusé. « Une de mes consoeurs a été copieusement prise à partie par un élève. Elle a demandé l’aide de la CPE… qui a préféré rester dans son bureau. Cette surveillante est rentrée chez elle en pleurs », confie l’un des cinq membres de l’équipe de vie scolaire au moment des faits. « Mentalement, on craque! Nous sommes sept surveillants pour 550 élèves. Et nous ne sommes pas soutenus par la CPE, par la direction. On ne peut plus travailler dans ces conditions.» Alors, par solidarité, tous ont quitté le collège en fin de matinée. À cet instant, tout a basculé. Chaviré. Enfin, surtout les chaises, les bureaux, sous le regard du personnel éducatif et des professeurs, totalement dépassés… L’inspecteur d’académie, Michel-Jean Floch a « mis les moyens » pour répondre à cette situation explosive : « Une inspectrice et l’équipe mobile de sécurité ont été dépêchées sur les lieux. Lundi, tout le monde sera encore sur place. Nous écouterons les personnels et prendrons des décisions nécessaires pour que le collège retrouve la sérénité qu’il doit avoir ».
Absence d’autorité Des décisions très attendues par JeanPierre Laugier, du SNES (Syndicat national des enseignements du second degré) et inspecteur d’académie adjoint: «Nous avons atteint le paroxysme des problèmes! Nous sommes arrivés à un point où plus personne ne gère plus rien! » La principale–que nous avons tentée de joindre, en vain – serait ainsi visée? Jean-Pierre Laugier ne mâche pas ses mots: «Je ne la connais pas. Mais il y a un manquement par rapport à l’autorité. Et la gestion du collège n’a jamais été à la hauteur des problèmes rencontrés. » Le collège étant placé sous la responsabilité du Département, son président, E ri cC iotti,a tiré la sonnette d’ alarme depuis longtemps :« Je tiens à exprimer ma très vive préoccupation quant à la situation de cet établissement, qui connaît une forte tension depuis plusieurs mois, et mon entier soutien au corps enseignant, aux surveillants et aux agents dans leur volonté que l’autorité soit rétablie au sein du collège .» Il a ensuite donné un avertissement à la direction et des enc ou rage mentsà plus de sévérité :« La réponse la plus ferme doit être apporté eaux élèves violents, qui défient l’autorité et créent un climat de tension au sein du collège. L’attente de la communauté éducative dans son ensemble doit être entendue par la principale à laquelle il incombe de garantir les conditions de l’enseignement et l’exercice de l’autorité dans l’établissement». Mais on est encore bien loin des félicitations… J.-F. MALATESTA
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