Nice-Matin (Cannes)

IRM sodium : révolution dans la sclérose en plaques

Cette technique, expériment­ée à Marseille, permet d’approcher le dysfonctio­nnement des neurones dans la constituti­on du handicap. Une avancée pleine d’espoir

- NANCY CATTAN ncatt an@ nice matin.f

Longtemps la médecine a été impuissant­e face à la sclérose en plaques (SEP), cette maladie complexe, multifacto­rielle [lire ci-dessous], et qui frappe des adultes en pleine force de l’âge, des femmes pour la plupart. Et puis, il y a une dizaine d’années, de nouvelles molécules sont arrivées sur le marché dispersant les nuages très sombres qui obscurciss­aient le ciel de ces jeunes malades. Elles ont permis, en effet, de réduire fortement la fréquence des poussées et, par conséquent, l’éventualit­é de séquelles et de handicap. C’est une seconde révolution qui se prépare, aujourd’hui, avec l’lRM sodium que l’équipe du Centre résonance magnétique en biologie et médecine (CRMBM) de Marseille, dirigée par M. Guye, est l’une des rares au monde à expériment­er. Aux manettes, le Pr Jean Pelletier, neurologue, entouré de spécialist­es de différente­s discipline­s : mathématic­iens, physiciens, ingénieurs, psychologu­es… « Contrairem­ent à l’IRM classique utilisé uniquement à des fins diagnostiq­ues en révélant les lésions inflammato­ires dans le cerveau, la technique d’IRM sodium permet, elle, d’approcher le fonctionne­ment même des neurones et axones [fibres nerveuses, ndlr], autrement dit le câblage électrique. Elle permet, en effet, d’accéder aux concentrat­ions cérébrales de sodium, un agent majeur du fonctionne­ment cellulaire, et qui joue un rôle primordial dans les processus de dégénéresc­ence de l’axone. Plus il y a de sel, moins bien fonctionne­nt les neurones et donc la circulatio­n des messages nerveux.»

En progressio­n constante Pour les 100 000 Français touchés par une SEP, cette technique d’IRM sodium est incontesta­blement une avancée vecteur d’espoir. « Elle ouvre une voie pour mieux comprendre l’évolution de la maladie et détecter l’apparition de l’atteinte dégénérati­ve responsabl­e du handicap. Des études à plus large échelle sont en cours dans notre unité de recherche pour confirmer que ce paramètre est un biomarqueu­r non invasif de la dégénéresc­ence des neurones, résume le Pr Pelletier. Il pourrait alors être utilisé dans l’évaluation de nouvelles thérapeuti­ques pour traiter la sclérose en plaques. » Car, en dépit des progrès thérapeuti­ques, qui permettent qu’aujourd’hui les personnes touchées par une SEP évoluant par poussées (80 % des cas) ont une vie quasi normale, les recherches se poursuiven­t avec cet objectif que rappelle le Pr Pelletier : « Obtenir un blocage complet de la maladie. » Une maladie qui, malheureus­ement, ne cesse de progresser dans tous les pays industrial­isés, et en France notamment. Les victimes? Des femmes de plus en plus souvent – deux tiers des cas dans un passé proche, trois quarts aujourd’hui – et de plus en plus jeunes: «Alors que la maladie survient vers l’âge de 30 ans en moyenne, on recense de plus en plus de SEP chez des jeunes filles de moins de 18 ans, voire des enfants.» Coupant aussitôt court aux rumeurs, le neurologie précise qu’aucune associatio­n avec la vaccinatio­n n’a été démontrée. Des études sont en cours pour élucider le « mystère » de cette progressio­n Mais, « aucune piste sérieuse n’est authentifi­ée ». A ce jour.

« Un biomarqueu­r non invasif de la dégénéresc­ence» Pr Jean Pelletier Neurologue

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L’IRM sodium permet d’accéder aux concentrat­ions cérébrales de sodium, un agent majeur du fonctionne­ment cellulaire. Le sodium joue en effet un rôle primordial dans les processus de dégénéresc­ence de l’axone, qui constitue la fibre nerveuse du neurone....

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