IRM sodium : révolution dans la sclérose en plaques
Cette technique, expérimentée à Marseille, permet d’approcher le dysfonctionnement des neurones dans la constitution du handicap. Une avancée pleine d’espoir
Longtemps la médecine a été impuissante face à la sclérose en plaques (SEP), cette maladie complexe, multifactorielle [lire ci-dessous], et qui frappe des adultes en pleine force de l’âge, des femmes pour la plupart. Et puis, il y a une dizaine d’années, de nouvelles molécules sont arrivées sur le marché dispersant les nuages très sombres qui obscurcissaient le ciel de ces jeunes malades. Elles ont permis, en effet, de réduire fortement la fréquence des poussées et, par conséquent, l’éventualité de séquelles et de handicap. C’est une seconde révolution qui se prépare, aujourd’hui, avec l’lRM sodium que l’équipe du Centre résonance magnétique en biologie et médecine (CRMBM) de Marseille, dirigée par M. Guye, est l’une des rares au monde à expérimenter. Aux manettes, le Pr Jean Pelletier, neurologue, entouré de spécialistes de différentes disciplines : mathématiciens, physiciens, ingénieurs, psychologues… « Contrairement à l’IRM classique utilisé uniquement à des fins diagnostiques en révélant les lésions inflammatoires dans le cerveau, la technique d’IRM sodium permet, elle, d’approcher le fonctionnement même des neurones et axones [fibres nerveuses, ndlr], autrement dit le câblage électrique. Elle permet, en effet, d’accéder aux concentrations cérébrales de sodium, un agent majeur du fonctionnement cellulaire, et qui joue un rôle primordial dans les processus de dégénérescence de l’axone. Plus il y a de sel, moins bien fonctionnent les neurones et donc la circulation des messages nerveux.»
En progression constante Pour les 100 000 Français touchés par une SEP, cette technique d’IRM sodium est incontestablement une avancée vecteur d’espoir. « Elle ouvre une voie pour mieux comprendre l’évolution de la maladie et détecter l’apparition de l’atteinte dégénérative responsable du handicap. Des études à plus large échelle sont en cours dans notre unité de recherche pour confirmer que ce paramètre est un biomarqueur non invasif de la dégénérescence des neurones, résume le Pr Pelletier. Il pourrait alors être utilisé dans l’évaluation de nouvelles thérapeutiques pour traiter la sclérose en plaques. » Car, en dépit des progrès thérapeutiques, qui permettent qu’aujourd’hui les personnes touchées par une SEP évoluant par poussées (80 % des cas) ont une vie quasi normale, les recherches se poursuivent avec cet objectif que rappelle le Pr Pelletier : « Obtenir un blocage complet de la maladie. » Une maladie qui, malheureusement, ne cesse de progresser dans tous les pays industrialisés, et en France notamment. Les victimes? Des femmes de plus en plus souvent – deux tiers des cas dans un passé proche, trois quarts aujourd’hui – et de plus en plus jeunes: «Alors que la maladie survient vers l’âge de 30 ans en moyenne, on recense de plus en plus de SEP chez des jeunes filles de moins de 18 ans, voire des enfants.» Coupant aussitôt court aux rumeurs, le neurologie précise qu’aucune association avec la vaccination n’a été démontrée. Des études sont en cours pour élucider le « mystère » de cette progression Mais, « aucune piste sérieuse n’est authentifiée ». A ce jour.
« Un biomarqueur non invasif de la dégénérescence» Pr Jean Pelletier Neurologue