Nice-Matin (Cannes)

Au nom de Jules

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Personne n’a oublié le dimanche 25 mai 2014, jour d’entrée dans la cour des grands de Jules Bianchi. Avec sa modeste Marussia, le pilote niçois décrochait ses premiers points au championna­t du monde au terme d’un rodéo monégasque salué par les observateu­rs. Près d’un an après qu’un foutu virage de Suzuka (Japon) lui a été fatal, son père réclame toujours justice auprès des instances sportives (lire nos éditions d’hier) et entend poursuivre, en famille, l’oeuvre de son fils. Jeudi, Philippe Bianchi a ainsi annoncé au MGP Live le lancement de «Jules Bianchi Society», fondation vouée à aider les jeunes pilotes à atteindre le circuit pro.

« Jules était très soucieux de ce problème » Accompagné du petit prodige monégasque Charles Leclerc, Philippe Bianchi a évoqué sa «belle fierté» au souvenir de 2014 et confié « qu’être ici est extrêmemen­t émouvant pour la famille». Il a ensuite dressé le constat de la genèse de sa fondation. «C’est un sport magnifique mais très coûteux et qui ne donne pas toujours la chance à des pilotes démunis de moyens financiers et dont les parents n’ont pas forcément une expérience. Jules était très soucieux de ce type de problème car, nous-mêmes, on a été confronté à des problèmes de budget. On va venir en aide à des pilotes qui seront sélectionn­és par rapport à leur talent, leur manque de moyens et leur état d’esprit. C’est important qu’ils gardent celui que Jules a montré tout au long de sa carrière et qui lui a permis d’arriver en Formule 1. On les fera rouler, du minikart jusqu’au junior (15 ans) dans le but d’emmener les meilleurs dans des filières profession­nelles.» Témoin de l’ascension de Jules, son parrain de coeur et de course, Charles Leclerc, a rappelé que sa vocation était née sur le circuit de Philippe Bianchi, à Brignoles. « En 2003, j’ai fait mes premiers tours de roues derrière Philippe, accroché avec une corde derrière son kart. Au bout de trois tours, on m’a décroché et, sur le chemin du retour, j’ai dit à mon père que je voulais faire ça quand je serais plus grand. À chaque fois que j’étais en difficulté, j’appelais Jules et il me donnait ses conseils.»

« On agira aussi pour les enfants malades » Autant d’enseigneme­nts qui formeront désormais la charte de Jules Bianchi Society. «Les pilotes qui sont rapides, il en existe beaucoup. L’exemple de Jules est une belle illustrati­on : on n’a jamais été une famille de milliardai­res et Jules a réussi à gravir toutes les marches jusqu’à la Formule 1. Je pense que c’est beaucoup grâce à ses valeurs, son travail et son talent évidemment, mais surtout son humilité qui lui a permis de se faire apprécier et reconnaîtr­e. » Afin de financer toutes ces actions, Mélanie, la soeur de Jules, et Christine, mère courage et présidente de l’associatio­n Jules Bianchi Society, tiennent, jusqu’à dimanche rue Princesse-Florestine à Monaco, un stand de produits dérivés à l’effigie de Jules. «C’est une associatio­n sportive car Jules aimait aussi faire du squash, de la course à pied, du foot... Et on agira aussi pour les enfants malades», détaille sa maman. Lancée à fonds propres, l’action reçoit depuis mercredi le soutien de centaines de fans, dont certains uniquement pour transmettr­e leur sympathie à la famille. «On fera une action à Brignoles. Ensuite, on va avoir un site internet marchand pour l’associatio­n et on fera peut-être quelques Grand Prix, comme Monza et Spa où nous sommes les bienvenus.» « Ton rêve, piloter… Le nôtre aujourd’hui, qu’on ne t’oublie jamais», peut-on lire sur la devanture du stand. À ce titre, chaque année un rassemblem­ent aura lieu en mémoire de Jules sur le circuit Paul-Ricard. Le 4 décembre 2016 sera ainsi jour de fête pour l’ange du paddock.

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(Photo J.-F. Ottonello) Mère et fille soudées pour fait vivre la mémoire de Jules Bianchi.

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