Le billet de Philippe Bouvard Voyages d’études

Les voyages ne forment pas seulement la jeunesse. Ils éduquent aussi les politiciens. Si, alors que le torchon brûle en France, les princes qui sont encore censés nous gouverner semblent autant se plaire à l’étranger, c’est pour observer ce qu’il s’y passe. En Israël, Manuel Valls a pu demander son secret à un Premier ministre ne se laissant pas paralyser par la contestation. Au Japon, François Hollande a vu des grévistes continuer à travailler en arborant seulement un brassard jaune sur la manche. Si les deux têtes chancelantes de notre exécutif s’étaient rendues en Allemagne, elles auraient peut-être mieux compris la façon de s’y prendre pour réduire le chômage et augmenter la croissance. En Suisse, on leur aurait expliqué ce qu’il faut faire pour que le mot crise ne figure pas dans le langage courant et les raisons qui font préférer une votation quasi hebdomadaire à notre -. En Grèce, elles auraient appris la méthode pour multiplier les emprunts sans jamais payer ses dettes ni les intérêts. Au Portugal, elles auraient enfin rencontré des retraités français heureux. En Espagne, elles auraient admiré la reconversion d’une ancienne présentatrice de télévision passée de la caméra au trône. Mais c’est au Royaume-Uni qu’elles auraient le mieux rentabilisé leur déplacement en constatant que les malfrats n’étaient

pas plus armés que les policiers.