Nice-Matin (Cannes)

C’était le temps

Au XIXe, les Toulonnais se pressent, dès les grosses chaleurs, dans les petites criques du Mourillon. Échelles, ponts en bois, escaliers vertigineu­x, balcons suspendus au-dessus du vide, restaurant­s sur pilotis, cabines et guinguette­s blotties contre les

- RÉGINE MEUNIER - rmeunier@nicematin.fr

C’est l’été, la Belle Époque. Les panamas qui coiffent la tête des messieurs et les ombrelles des dames donnent un air de fête au boulevard du Littoral, actuelle corniche Frédéric-Mistral. Les tramways se succèdent qui déversent leurs flots de baigneurs. Ils ont encore du chemin à faire pour accéder à la petite crique où ils vont poser leurs paniers en osier, se dévêtir légèrement et se baigner sans trop s’exposer au soleil. Car au XIXe siècle et même au début du XXe, la mode est aux peaux bien blanches. Le maillot est un bien grand mot. Cela va jusqu’à la robe longue ou courte par-dessus un pantalon pour les femmes ; un ensemble avec manches et jambes pour les hommes. Pudeur oblige, il faut obligatoir­ement passer par une cabine pour enfiler son maillot. Les bains de mer l’Alméras sont très populaires. C’est un de ces établissem­ents qui gèrent les plages du Mourillon. Il propose un périmètre sécurisé pour la natation, un plongeoir, un restaurant sur pilotis où se dégustent les bouillabai­sses, une ambiance sportive, énumèrent Anne et Jean-Paul Meyrueis. Tous deux de l’Académie du Var, ils ont écrit plusieurs pages sur les bains de mer, agrémentée­s de nostalgiqu­es photos, dans le livre « Le Mourillon et l’histoire de Toulon». Depuis la corniche, il faut descendre des escaliers parfois très escarpés et taillés dans la roche, marcher sur de frêles ponts en bois avant profiter de la mer. Parfois, seules des échelles permettent d’accéder jusqu’à l’eau. C’est le cas aux Bains de la Source, qui étaient situés vers l’actuel parking des plages artificiel­les. Un pointu fait la navette avec le port de Toulon. Cela évite la marche en plein soleil. La concurrenc­e est grande entre les différents exploitant­s. Les bains Sainte-Hélène, sur la plage du Le boulevard du littoral, aujourd’hui corniche Frédéric-Mistral au Mourillon. En dessous les très populaires Bains de mer Alméras. (Photos extraites du livre «Le Mourillon et l’histoire de Toulon».)

Lido, visent une clientèle huppée et proposent même que l’on se baigne en cabine à des fins thérapeuti­ques, un début de thalassoth­érapie. Certains établissem­ent offrent une vue romantique sur la mer depuis un balcon accroché à la falaise et suspendu au-dessus du vide. La Deuxième Guerre mondiale vient détruire tous ces établissem­ents, dont la vocation était aussi d’attirer les touristes en été et plus seulement en hiver. La terre a ensuite envahi la mer lors de l’aménagemen­t du littoral dans les années 1970. Peu à peu les maillots ont révélé les corps passant de la combinaiso­n short à quelques centimètre­s de tissu sur des peaux, qui depuis la fin des années 1930, veulent être aussi dorées que la lumière du couchant.

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 ??  ?? Au Terminus du Tramway, le balcon suspendu au-dessus du rivage. (© DR)
Au Terminus du Tramway, le balcon suspendu au-dessus du rivage. (© DR)

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