Costaud, le taureau !
Daniel Ricciardo a su tirer la quintessence d’une Red Bull ‘‘supersonique’’ pour décrocher sa première pole position devant Nico Rosberg et Lewis Hamilton
De zéro à héros, parfois, il n’y a qu’un pas. Daniel Ricciardo en sait quelque chose. Vainqueur puissance 3 sur les tablettes de la F1 après les triomphes libérateurs enchaînés en 2014 (Canada, Hongrie, Belgique), le pilote australien avait un vide à combler dans ses statistiques. Compteur débloqué hier. De belle manière. Attendu au tournant par des Flèches d’argent invaincues depuis trois ans en Principauté, le natif de Perth, meilleur sprinteur du jeudi de chauffe (1’14’’607), n’a pas cédé à la pression. Mieux, il s’est transcendé pour « transformer l’essai », comme disent les Wallabies. «Hey, il y a de pires endroits pour décrocher sa première pole position, non?» Au terme de l’heure de vérité du 74e Grand Prix de Monaco, le bourreau des Mercedes peut jubiler. À bientôt 27 ans, le voilà enfin promu «chrono-maître». Malgré les assauts incessants de ses rivales directes, allemandes mais aussi italiennes, puisque Ferrari est revenu dans le match (voir par ailleurs), la RB12 frappée du numéro 3 n’a rien lâché. Costaud, le taureau!
Max Verstappen en pâle position En exploitant parfaitement un châssis réputé excellent, le moteur Renault évolué dont il a la primeur ici, et les nouveaux pneus Pirelli « ultra-tendres », l’homme fort du jour s’est même permis de flirter avec le record du toboggan monégasque (1’13’’532) détenu depuis 2006 par Kimi Räikkönen. Sa marque ? 1’13’’622. Un temps décoiffant. «C’est un endroit spécial ici, poursuitil devant la nuée de micros accrochés à ses lèvres. En arrivant, je savais qu’on avait une chance, et je suis heureux d’avoir pu la saisir. Je me sens vraiment en confiance et j’ai l’impression que je pilote bien depuis quelques semaines.» À Barcelone, il y a quinze jours, son coup de volant incisif n’avait pas suffi. Relégué au pied du podium à cause d’une erreur de stratégie, celui-ci s’était incliné face à son nouveau coéquipier, Max Verstappen. Autre échéance, autre scénario : hier, le jeune prodige néerlandais a bu la tasse à la Piscine dès le début de la Q1. Suspension cassée dans le virage 15, voiture froissée dans le suivant. Lui s’élancera donc en pâle position (21e).
Lewis Hamilton encore freiné Côté Mercedes, Nico Rosberg, en quête d’une quatrième glorieuse consécutive dans son jardin, jouera gros lors de la mise à feu. « Être battu par une Red Bull, ce n’est pas top, souffle l’enfant terrible de la Principauté. Je n’aime pas ça mais Daniel était très rapide et il mérite son résultat. Rappelez-vous : en Chine, alors que je partais en pole et lui 2e, et il m’avait brûlé la politesse au premier virage. À moi de lui rendre la monnaie de sa pièce maintenant! »
Encore freiné dans son élan, cette fois par un problème de pression d’essence survenu au lancement de la Q3, Lewis Hamilton, quant à lui, devra compter sur la bénédiction de Sainte-Dévote pour retrouver la lumière au bout d’un tunnel décidément bien long... Alors, à qui la patronne des pilotes accordera-t-elle ses faveurs? Et celle-ci demandera-t-elle au ciel d’ouvrir ses vannes afin de corser l’explication finale? Rendez-vous à l’heure des braves.