Nice-Matin (Cannes)

«Du mieux qu’on peut»

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McLaren. Rien que le nom, c’est classe. Ne nous demandez pas pourquoi, c’est comme ça. C’est classe. McLaren, c’est aussi une histoire. Il y a 50 ans, l’écurie débutait ses premiers tours de piste en GP… à Monaco. En reconstruc­tion, le team avance à petits pas et progresse. Avec pour guide Eric Boullier. L’ingénieur français, directeur compétitio­n depuis deux saisons, recolle les morceaux.

À Monaco, la confiance occupe une place primordial­e… Oui, et c’est aussi pour ça qu’on est loin dans la hiérarchie.

En , quand vous arrivez en tant que n°, le moral est au plus bas. Où en êtes-vous aujourd’hui? Disons qu’on ne voit pas la partie immergée de l’iceberg. En terme de moral et d’ambiance, c’est plutôt bon aujourd’hui. On a changé beaucoup de choses. On a gardé l’ADN du team, mais on a une approche différente. On est partie d’une feuille blanche l’an dernier. Notamment au niveau du châssis. On n’a pas encore le meilleur, mais on se bat pour l’avoir bientôt. Après, on a encore besoin de progresser en vitesse de pointe. On sait tous que le projet n’est pas encore mature que ce soit du côté d’Honda ou de McLaren. On se reconstrui­t, ça prend du temps. C’est un peu pénible, mais ça vient.

Vous avez deux pilotes d’expérience avec Jenson Button et Fernando Alonso. Ne sont-ils pas frustrés? Oui parce qu’ils aimeraient être dans une voiture capable de jouer la gagne aujourd’hui. En même temps, ils sont conscients de notre envie de construire le projet autour d’eux. On sent qu’ils sont frustrés de ne pas pouvoir jouer les premiers rôles, c’est sûr. Dans ce contexte-là, comment aborde-t-on le défi monégasque? On ne se fixe pas d’objectifs encore. Il y a trop de paramètres qui nous empêchent de les atteindre. Prenons les Mercedes qui dominent aujourd’hui. Elles ont beau faire une erreur, elles resteront devant… Nous, il faudrait être parfait tout le temps pour espérer. Et en étant à la limite, la moindre erreur se paierait cash immédiatem­ent. Voilà pourquoi je ne veux pas qu’on se mette de faux objectifs. On fait du mieux qu’on peut.

À Monaco, flirter avec les limites, c’est déjà les dépasser… Oui mais, justement, on aime bien ça aussi (sourires). On veut voir des étincelles sur les rails. Mais juste une ou deux, pas plus.

En tant que boss, c’est stressant, non? Non. Ce qui est stressant, c’est le côté imprévisib­le de Monaco. Vous pouvez avoir de bons réglages, ça ne suffit pas. Il faut que tout soit parfait: pas de trafic, pas de drapeau jaune, etc.

Plus qu’ailleurs, la qualif est importante? C’est hyper-important. Même si on manque de vitesse de pointe, si on se qualifie bien (Alonso Button e, ndlr), on peut espérer un bon résultat dimanche.

Ron Dennis (PDG McLaren) a déclaré qu’après Mercedes, McLaren serait le prochain champion du monde. Le genre de décla qui met la pression… Non, c’est la raison d’être de McLaren et de tout compétiteu­r. C’est l’objectif n°. Je n’ai jamais eu autre chose comme objectif que celui de gagner. McLaren est une grande équipe, a une grande histoire, donc c’est normal d’aspirer à être champion du monde. Et puis on connaît tous Ron, il aime s’affirmer comme ça.

En tout cas, vous n’avancez pas caché, que ce soit en terme d’ambition ou de frustratio­n… Mais c’est l’avantage du sport automobile! On peut raconter ce qu’on veut, à un moment, c’est toujours le chrono qui parle sur la piste. Ça ne sert à rien de se cacher. Et ceux qui jouent de malchance sur le long terme, c’est qu’il y a quelque chose qui ne marche pas bien.

Pensez-vous à construire votre propre moteur? Il n’en est pas question. On a un partenaria­t sur le long terme avec Honda qui met les moyens. Il faut du temps et de la patience.

Êtes-vous en retard sur votre plan de route? Sur la saison, on est là où on s’attendait. On savait qu’il ne pouvait pas y avoir de miracle, comme l’an dernier.

Comment expliquez-vous cette impatience autour de McLaren ? C’est normal. Mais il y a des caps incontourn­ables à franchir, dans l’apprentiss­age, la compréhens­ion, etc. Tant que ce ne sera pas fait, on ne pourra pas jouer avec les gros. PROPOS RECUEILLIS PAR

FABIEN PIGALLE

Ça ne sert àriende se cacher ”

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Eric Boullier, directeur compétitio­n depuis deux saisons, a pour mission de redorer le blason McLaren.

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