Au coeur des écuries
C’est le centre névralgique de la course. Là où interviennent ingénieurs et mécaniciens. Là où se changent les pneus, où se refait le plein d’essence. Bienvenue au garage Renault F1
C’est le monde du bruit. Les moteurs ronronnent fort. Les pneus rebondissent sur le sol avec un bruit étouffé. La bande-son des garages du Grand Prix est plutôt agressive. C’est logique : ces pièces tout en largeur sont ouvertes sur la pit lane. En plein coeur de la course. Elles en sont le centre névralgique, pour les écuries. Là où se changent les pneus, se refont les pleins d’essence. Dans cet univers où chaque seconde compte, tout tourne autour de l’information, des données. Celles qui permettent aux ingénieurs de choisir une nouvelle pression de pneus, par exemple, et aux mécaniciens de l’ajuster. Un exemple parmi beaucoup d’autres, dans la multitude de détails qui font gagner des places sur la ligne d’arrivée. Ou en perdre.
Les yeux rivés sur les écrans Ici, c’est le territoire des écrans. Il y en a partout. Même devant les yeux de Jolyon Palmer et Kevin Magnussen, les deux pilotes Renault. 14 heures n’ont pas sonné, hier, et ils se sont installés dans leurs bolides jaunes. De chaque côté du garage, une nuée de mécaniciens est venue se poster de part et d’autres des Formule 1. Ils se tiennent droit, le visage concentré. Les gradins remplis de spectateurs se détachent derrière ces hommes qui font face aux F1. La voix du speaker résonne, en sourdine. Et à l’intérieur du garage, les mécaniciens en noir s’activent. En quelques secondes, en quelques gestes experts, ils fixent les pneus aux Formule 1. De gros bruits d’accélération viennent se rajouter à la scène : les premiers bolides quittent la pit lane. Bientôt l’heure du départ de la première Renault. Un homme sort sur l’asphalte. Il guide le pilote avec un enchaînement de gestes secs des bras, comme sur un porteavions. Les mécaniciens qui s’occupent de la voiture s’écartent de lui, et il file. La séance d’essais qualificatifs d’hier après-midi vient de démarrer.
Changer les pneus, encore et encore Malgré le niveau sonore plutôt extrême, tout le monde communique, tout le temps. Avec une tape sur l’épaule pour demander à quelqu’un de se pousser. Une phrase lancée dans la radio. Ou les yeux : dans le garage, tout le monde a rivé son regard sur les écrans qui montrent les pilotes faire filer leur bolide dans Monaco. Jusqu’au premier arrêt d’une longue série, quand la Formule 1 de Jolyon Palmer s’arrête devant le garage. Avec des gestes assurés et précis, les mécaniciens font rentrer, à nouveau, la monoplace dans la pièce. Ils se jettent autour, changent les pneus avec leurs pistolets accrochés au plafond par des câbles tire-bouchonnés. Parfois, ils refont le plein. C’est une atmosphère de ruche, où rien n’est laissé au hasard, où tout le monde sait ce qu’il a à faire. Avec ses pneus neufs et son bruit reconnaissable entre mille, la Formule 1 repart. Et les scènes se répètent, encore et encore : les yeux fixés sur les écrans, l’arrêt de la voiture devant le garage, la pose de nouveaux pneumatiques… C’est comme ça jusqu’à la fin des essais. Ensuite, le bolide jaune est entièrement désossé. Ses entrailles s’affichent en pleine lumière. Des éléments sensibles, spécifiques à chaque écurie, difficiles à prendre en photo ou à mentionner. Les garages ne sont pas seulement le monde du bruit. C’est aussi le royaume des secrets. Dont beaucoup détermineront le classement d’aujourd’hui. NICOLAS HASSON-FAURÉ
nhasson@nicematin.fr