Nice-Matin (Cannes)

Nibali, sacré tempéramen­t

Le Sicilien a réussi à chiper le maillot rose à Chaves à la veille de l’arrivée. Et l’histoire retiendra que c’est dans la traversée d’Isola 2000 que le chouchou du public a construit son succès

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Il y a trois jours, Vincenzo Nibali pointait en 4e position à 4’43 du maillot rose porté par Steven Kruijswijk. Un véritable gouffre. Personne n’aurait alors osé miser un euro sur la victoire du « Requin de Messine », vite classé comme déclinant à 31 ans. Ce soir, c’est pourtant lui qui va s’offrir un deuxième Giro (après 2013) et une quatrième victoire dans un grand Tour (Vuelta 2010, Tour de France 2014). Certes, il ne faut pas oublier que ce succès lui revient après la faute de Steven Kruijswijk dans la descente du col Agnel, qui a totalement ruiné ses chances, mais le Sicilien est allé chercher son Giro à la pédale en 48 heures. Sa victoire à Risoul vendredi l’avait regonflé dans son estime de champion. Mais hier matin, il avait encore 44 secondes à récupérer au Colombien Chaves.

Scarponi équipier modèle Sûr de ses forces et de la force collective des siens, il a patiemment construit son sacre, quand ses supporters lui demandaien­t de partir dès la Bonette. Après avoir fait rouler ses gregari, il a d’abord demandé à Scarponi de durcir le rythme et faire le ménage dans la Lombarde. Et juste avant l’entrée dans Isola 2000, il a lui-même placé l’attaque décisive. Après avoir été ville d’arrivée du Tour de France en 1993 (victoire de Rominger), la station de ski des Alpes-Maritimes est entrée hier par la grande porte dans l’histoire du Giro. Les dix derniers kilomètres de course auront été davantage décisifs que les trois premières semaines. Nibali s’envolait, grignotait du temps à tous ses adversaire­s, puis il résistait parfaiteme­nt, poussé par une foule déchaînée, dans les 2,5 derniers kilomètres d’ascension vers le sanctuaire de Sant’Anna di Vinadio. Chaves s’effondrait et lâchait 1’36’’ sur la ligne à son rival. Le Giro avait tourné en faveur de celui que la foule acclamait. « Prendre le maillot rose à l’avantderni­ère étape, c’est incroyable ! Je suis vraiment heureux. Toute l’équipe a été super, je devrais faire un monument à Michele Scarponi. Je ne croyais pas que ce serait possible mais nous avons eu un jeu d’équipe exceptionn­el. J’ai su seulement à l’arrivée que c’était gagné, quand le speaker a égrené les secondes » , glissait le héros du jour, fort marqué par la fatigue, mais qui mettait en avant son abnégation. « Ce Giro a été très difficile, douloureux. Tout peut se passer dans un grand tour. Il ne faut pas se décourager». Sa dernière semaine en est la parfaite illustrati­on. Avec 52’’ d’avance sur Chaves et 1’17’’ sur Valverde ce matin, ce 99e Giro sera assurément sa propriété dans quelques heures à Turin.

Aujourd’hui (dernière étape) Textes : Romain LARONCHE RÉSULTATS ET CLASSEMENT­S

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Le coureur italien a fait un grand pas vers le gain de son deuxième Giro.
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