Un Cannois en formation dans les studios Disney
Passionné de dessin, formé à la 3D, le jeune Cannois a intégré les équipes américaines des studios Disney pour huit mois de formation. Belle opportunité
Un sourire. Des yeux qui pétillent. Une excitation infinie. Skype ne renvoie que ça. Derrière l’écran : Matéo Ravot, 26 ans. Le soleil de Los Angeles vient tout juste de se lever. Agrippé à sa tablette tactile, au coeur d’une pièce immense où chaque mot résonne, le jeune homme amorce le récit de l’aventure extraordinaire qu’il est en train de vivre. Dans son dos, un panneau. Une peinture. Du sable, des palmiers, de l’eau… Il fait pivoter sa tablette. Rapidement. « C’est là-dessus que je travaille », glisse-t-il, discrètement. Ce sont les ébauches de la prochaine grosse production Disney – Moana .Rienqueça!Il rit. Se passe la main dans les cheveux, se penche et souffle : «Je crois que je ne réalise toujours pas!».
Perdu… mais pas apeuré
Ils sont huit dans le monde à avoir été sélectionnés pour passer huit mois dans les illustres studios américains. Une formation de choix – Talent development program. Une opportunité rare. Ils sont deux Français, choisis sur la base d’une minute et trente secondes de «démo» balancée sur le web sans trop y croire. « Tout est allé très vite. Le 21 décembre, j’ai reçu l’appel de Disney pour me dire que c’était ok ! Je crois que je m’en rappellerais toute ma vie ! C’était un sacré cadeau de Noël ! ». Il a planté tout ce qu’il faisait pour sauter dans un avion en février. Depuis, chaque matin, il franchit la porte de la bâtisse «gigantesque» avec toujours le même émerveillement. « Les gens sont adorables. Très positifs, passionnés, enthousiastes. J’ai l’impression… de rencontrer des gens comme moi. Qui ont rêvé avec Disney et qui se retrouvent à bosser là. Ils sont comme des enfants ! J’en suis un aussi…» Il se sent comme «un petit oiseau perdu dans son île paradisiaque… mais absolument pas apeuré. » « Je suis né en 1989. J’ai grandi avec Le roi lion, Aladin, Tarzan… toutes ces petites merveilles qui ont nourri mon imaginaire. J’étais déjà passionné de dessin et je voulais faire des BD. Puis, vers 910 ans, j’ai découvert les films Pixar… Toy Story, Montres et compagnie, Le monde de Némo, les Indestructibles …Lecoupde foudre. J’étais fou de technologie, d’ordi aussi. J’ai pensé qu’il y avait probablement quelque chose à faire là-dedans. » Collège «Stan», lycée Jules-Ferry, école de l’Ilec… Un an de prépa en communication visuelle après, il rejoint Sup Info Com à Arles. Trois ans de prépa, deux ans de spécialisation. Il trace sa route en 3 dimensions. Avec son rêve de môme bien enfoncé dans la caboche. « Ma spécialité, c’est tout ce qui est éclairage. Je fais du calcul d’image sur ordinateur en postproduction. » Matéo Ravot s’éloigne encore de sa ville natale pour effectuer des stages à Lyon, à Paris. « J’ai eu une belle expérience à Nice, aussi. Au Pôle Compagnie. J’ai beaucoup appris. » Il se sent «prêt à affronter le monde ». Entre dans le concret. Il est aux studios Mac Guff – qui ont notamment fait Les Minions –, quand il est « débauché » par Disney. « Je travaillais au département marketing sur plusieurs projets en même temps. C’était intéressant pour un début de carrière. Mais je ne pouvais pas laisser filer l’opportunité.» En plus, sous peu, il passait hors délai. Les Américains modèlent les jeunes sortis d’école il y a moins de trois ans.
Les portes s’ouvrent
Si c’était risqué de quitter un job pour une simple formation ? Pas un brin. Le Cannois rit. Écarquille les yeux. « C’est juste hallucinant l’effet que ça a de mettre un pied chez Disney… » Il a quasiment un poste assuré à la sortie. Et des propositions qui pleuvent. «Je vais d’abord tenter le Canada. En plus, j’y ai ma petite amie. Après on verra.» Et Mickey dans tout ça? « S’ils nous prennent, ce n’est pas pour nous jeter à la fin. Je sais que, si tout se passe bien, la porte du studio sera toujours ouverte et que nous aurons des occasions de collaborer. » Et pourquoi pas un retour cité des festivals! « J’ai appris que David Lisnard va créer un pôle numérique, à la Bastide Rouge. Je trouve ça super cool ! » Nostalgique, déjà? « J’ai ma maman à la mairie de Cannes. J’ai un petit frère de 8 ans qui grandit… en portant des produits dérivés des trucs que je fais en 3D ! C’est sûr que ce n’est pas si simple de s’éloigner. Heureusement, ici, il y a d’autres Français qui savent par quelles émotions on passe et qui n’hésitent pas à partager. A nous aiguiller. » C’est aussi ça l’American way of life : la communication. « On parle beaucoup. Des heures y sont consacrées. Tout est structuré de manière à nous offrir la liberté de nous épanouir. » Et de manière à penser que demain sera forcément… «génial».