Nice-Matin (Cannes)

Hamilton ressuscité

Sevré de victoire depuis sept mois, le champion du monde a trouvé le bout du tunnel en estoquant le taureau Ricciardo. Seulement 7e, Rosberg tombe de haut

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Sept mois qu’elle lui tournait le dos pour offrir ses faveurs à son «frère ennemi». Huit ans qu’il attendait de la reconquéri­r ici, en Principaut­é, son port d’attache. Hier, enfin, Lewis Hamilton a renoué avec dame victoire. Alors que tout le monde voyait Red Bull et Daniel Ricciardo, épatant poleman, briser l’hégémonie de Mercedes sur le mythique toboggan monégasque, ou bien Nico Rosberg, son voisin aux avant-postes de la grille, enchaîner une quatrième glorieuse à domicile, c’est le champion du monde, parti en 3e position qui a retrouvé la lumière. Le bout du tunnel.

Un seul ‘‘pit stop’’ Triomphe ô combien symbolique puisqu’il s’agit du 44e pour celui qui porte le 44, numéro fétiche, sur le fuselage de sa Flèche d’Argent. Littéralem­ent ressuscité, le héros du 74 Grand Prix de

e Monaco a joué une partition sans bémol. Lui qui espérait voir la pluie semer un grain de folie au pied du Rocher fut exaucé au-delà de ses attentes puisque le ciel, comme prévu, se chargea de brouiller les cartes en arrosant copieuseme­nt le premier tiers de l’épreuve. Une fois la meute lâchée, après sept tours de chauffe dans le sillage de la voiture de sécurité, nul doute qu’il a songé un instant à une énième désillusio­n. Alors « bouchonné » par un Rosberg nettement moins incisif que d’habitude, en manque de rythme et de confiance, il voyait en effet sa cible prendre le large à toute vitesse. Sur le ruban détrempé, l’Australien pressé d’épingler un quatrième succès à son tableau de chasse se métamorpho­sait en « Ricciard’eau » pour capitalise­r la bagatelle de 15 secondes de marge au 15 tour. Un gouffre!

e De quoi envisager un dénouement heureux. Sauf que l’équipe Mercedes gérera beaucoup mieux l’assèchemen­t de la piste. En n’opérant qu’un seul ‘‘pit stop’’ contre deux pour son adversaire – dont un raté dans les grandes largeurs par l’équipe Red Bull –, Hamilton reprendra l’avantage. Et il saura le garder jusqu’au damier de la délivrance, bien que chaussé des gommes les plus tendres (‘‘ultra-soft’’) de la gamme Pirelli 48 tours durant, et malgré la pression incessante dans ses rétros d’un taureau aux naseaux fumants, sacrément contrarié (voir «la phrase»).

Une victoire d’écart Oubliée l’erreur de calcul des siens qui avait brisé son élan de vainqueur en puissance et offert la victoire à Rosberg l’an dernier ici même. «Comme je partais 3e, il fallait une stratégie audacieuse, parfaite, pour espérer l’emporter, et ce fut le cas», pouvait jubiler le désormais double lauréat du plus prestigieu­x de Grands Prix au sortir de la douche pétillante. «Il y a tellement de pression ici. Monaco constitue un challenge si compliqué. Depuis Austin (GP des ÉtatsUnis, le 25 octobre 2015, NDLR) je cherchais le chemin du succès. Le retrouver maintenant, dans cet endroit très spécial, ça fait plaisir. Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens. Disons que je prie souvent dans le but de vivre des moments de plénitude tels que celuici.» Un bonheur n’arrivant jamais seul, la déroute du voisin de stand, tombé de très haut jusqu’à une 7e place indigne de son statut de leader du championna­t du monde, lui permet de revenir à 24 longueurs. Moins d’une victoire d’écart, alors qu’il reste quinze virages à négocier. On dirait que la «guerre des étoiles» a encore de beaux jours devant elle…

GIL LÉON

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(Photo Michael Alesi)

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