Nice-Matin (Cannes)

Ocon, sacrée trajectoir­e

- FABIEN PIGALLE

Il est aussi élancé que sa Renault F1 RS 30 pour laquelle il est troisième pilote depuis cette année. À 19 ans, Esteban Ocon, 1,86 m, continue de grandir et poursuit son apprentiss­age de la course. À Monaco, Ocon est venu sans son casque, mais avec son plus beau sourire ; celui qui s’accroche au visage du passionné qui fait de sa vie un métier. Mais le Normand a en réalité deux jobs! L’un pour Mercedes en tant que pilote DTM et essayeur F1; l’autre donc, chez la firme française au Losange. Déjà un coureur à part. «C’est très particulie­r de faire deux gros championna­ts incontourn­ables dans le sport auto, mais je ne peux pas me plaindre, assure le pilote très à l’aise en anglais, italien et espagnol. Impossible de dire que c’est dur, que je ne peux pas y arriver ou quoi que ce soit. Beaucoup rêveraient

d’être dans ma situation, alors je reste concentré pour faire du bon boulot. Il faut savoir tourner rapidement les pages, mais sans les oublier.» Ne lui demandez pas quand est-ce qu’il a prévu de courir en F1 sur le tracé princier, il vous répondra gencives à l’air: « L’année prochaine et j’y travaille!» Travailler, Ocon n’a pas arrêté, au point de laisser le lycée sur le bas-côté. « Très rapidement, je suis parti vivre en Italie pour être avec mon équipe (Prema Powerteam en Formule 3, NDLR). Je faisais du sport le matin et, l’après-midi, je bossais sur la voiture avec mon mécano», se souvient-il. Des heures et des heures à apprendre le rôle de chaque pièce. « Il faut s’intéresser pour bien comprendre comment tout fonctionne et pour pouvoir expliquer ensuite ce qui va ou pas. J’aurais aimé

poursuivre les cours et passer mon bac… mais si j’avais continué les deux, faisant tout à moitié, je n’en serais pas là. Je gagne ma vie avec ma passion, j’ai réussi, c’est top. Je n’ai loupé ni ma carrière ni ma vie», explique-t-il, philosophe. Regarder dans le rétro pour mieux avancer, c’est la clé.

« J’ai toujours marché au feeling » Pour l’instant, il doit se contenter du rôle d’équipier. «Je suis là pour aider le team le plus possible. J’ai un oeil un peu extérieur, mais je suis très bien intégré et pour le moment, on a bien bossé.» Avec cette envie de claquer des chronos? «Oui, il ne faut pas perdre de vue la performanc­e, mais ce n’est pas toujours la priorité. Ce qui compte, c’est que les ingénieurs soient contents de moi.» Son point fort ? « Je ne suis

pas stressé. » Point à travailler? « Disons que question pilotage, j’ai toujours marché au feeling. Je peux encore grappiller des choses, plus analyser mes datas, etc.» Quand on lui demande quelles sont ses idoles, Ocon cite «Senna, évidemment», puis il poursuit en essayant de nous semer: «Ryan Villopoto, sacré trois fois champion du monde en supercross, et Usain Bolt.» Un pilote, un motard et un sprinter, chercher la similitude… « Je les admire pour la faculté qu’ils ont eue pendant leur carrière à rebondir après des blessures ou des mauvais résultats. Quand on est au plus haut, tomber puis remonter au sommet, ça, c’est très fort.» Les sommets justement, Esteban Ocon, ne cesse de les grimper un à un. Et pourquoi pas l’an prochain, au volant d’une F1?

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(Photo Cyril Dodergny) Esteban Ocon jongle entre le championna­t DTM et les F Renault et Mercedes. Une vie à  à l’heure.

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