Nice-Matin (Cannes)

Une victoire signée ZZ

En seulement 27 matches sur le banc, Zinedine Zidane a déjà remporté la Ligue des Champions

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Cette finale de Ligue des Champions 2016 relevait du duel pour l’histoire entre Zidane et Simeone. Après Miguel Munoz, Giovanni Trapattoni, Johan Cruyff, Carlo Ancelotti, Franck Rijkaard et Pep Guardiola, c’est le Français qui est devenu le 7e footballeu­r sacré en tant que joueur puis entraîneur. Le premier Tricolore à relever ce pari. Mieux, lauréat en 2014, déjà contre l’Atlético alors qu’il était l’adjoint de Carlo Ancelotti (4-1 a.p.), Zizou a bouclé un formidable triplé. « Carlo Ancelotti m’avait dit : « Si tu as la possibilit­é de gagner la LDC en tant que coach, tu verras ce que c’est ». C’est vrai que c’est quelque chose de particulie­r, je suis très content ! » Impassible sur la tentative ratée de Juanfran, Zidane a attendu la transforma­tion victorieus­e de Ronaldo dans la série de tirs au but pour exulter dans les bras de David Bettoni, son adjoint. Samedi soir à San Siro, le Français a donné du geste et de la voix pendant plus de 120 minutes. Sans jamais délaisser son calme olympien. Loin de l’exubérance d’un Diego Simeone haranguant les supporters colchonero­s à plusieurs reprises, Zizou a guidé sa troupe avec sérénité. « Je ne sais pas si j’étais calme tout le match, c’était une rencontre difficile, stressante. Mais je suis resté positif, je savais que de petits détails pouvaient faire la différence. Il fallait souffrir pour gagner. Mon principal apport à cette équipe ? Le positivism­e, je pense. Je crois beaucoup au travail, car la qualité on l’avait déjà ».

« Le Real, le club de ma vie » « Como no te voy a querer (comment ne pas t’aimer, ndlr) », ont scandé des milliers de fans en voyant hier matin apparaître à Madrid les joueurs du Real venus leur présenter cette 11e Ligue des Champions décrochée aux dépens de l’Atletico (1-1 a.p. ; 5 t.a.b à 3). Et les fans d’agiter les écharpes du club Merengue et de lancer des t-shirts sous une pluie de confettis. Zidane, c’est l’enfant de l’amour au Real. Celui couvé par Florentino Perez, le président-patriarche. Joueur du club (2001-06), le Français a fait partie des Galactique­s, ces stars glamour (avec David Beckham et Luis Figo) également machines à gagner. Tout le monde a encore en mémoire la volée d’anthologie de Zizou en 2002 pour remporter la Ligue des champions face au Bayer Leverkusen (2-1). Quand le natif de Marseille a choisi d’embrasser la carrière d’entraîneur, il n’était pas question d’aller ailleurs qu’au Real pour faire ses classes. En tant que N.2 de Carlo Ancelotti ou encore en tant que coach de la Castilla, la réserve de la Maison blanche. En janvier, alors que le message de l’entraîneur d’alors Rafael Benitez ne passait plus à la tête d’une équipe première à la dérive, Florentino Perez n’a pas hésité à confier les clés de la maison à l’ancien meneur des Bleus. Le Real est une famille et Zidane l’a prouvé en maître de communicat­ion, posant lors de sa nomination officielle comme entraîneur N.1 avec sa femme Véronique et ses quatre fils, qui jouent d’ailleurs tous dans les équipes de jeunes du club. Après son triomphe à Milan, le champion du monde 1998 n’a pas eu à chercher ses mots : « Je suis si fier de faire partie de cette grande maison. Le Real, c’est le club de ma vie, qui m’a fait grand ». Attention toutefois, le Real est volage avec ses technicien­s : trois ont défilé depuis la saison 2013-14.

L’Italie rêve de le voir prendre la sélection Double finaliste malheureux en trois ans, Diego Simeone a d’ailleurs tenu à quelque peu atténuer la performanc­e du technicien français. «Zidane a la chance d’avoir débuté sa carrière d’entraîneur avec l’une des trois meilleures équipes au monde. » Difficile de donner tort à « El Cholo ». Mais le sacre de San Siro, sur des terres transalpin­es qui ont vu briller Zizou sous le maillot de la Juve (1996-2001), a donné des idées à nos confrères italiens qui lui ont demandé si prendre les rênes de la Squadra Azzurra pouvait un jour l’intéresser. « Il faut jamais ne dire jamais, a répondu avec malice le coach qui fêtera ses 44 ans le 23 juin. J’ai été formé en Italie, l’Italie m’a donné beaucoup dans ma vie de joueur. » Une chose est certaine, ce sacre européen décroché après moins de 30 rencontres à la tête de l’équipe fanion merengue va asseoir la position de Zidane à l’heure de la refonte estivale de l’effectif. Pour Diego Simeone, les perspectiv­es semblaient bien moins heureuses samedi soir. « Perdre deux fina- les c’est un échec, a lâché l’Argentin après la défaite milanaise. Est-ce que je dois continuer à l’Atletico ou est-ce la fin d’un cycle? Je dois penseràça» . Cette dernière petite phrase fait déjà beaucoup parler en Espagne et ailleurs. Un divorce serait un tremblemen­t de terre pour l’ « Atléti ». Avant l’arrivée de Simeone sur le banc en 2011, l’autre club de Madrid souffrait d’une instabilit­é chronique. Ancien milieu de terrain bagarreur adulé des fans dans les travées du Vicente-Calderon, il a façonné l’équipe à son image. «Surle terrain, il te tuait, il te mordait les mollets. L’Atletico d’aujourd’hui reflète un peu sa manière de penser » , a résumé son fils Giovanni, joueur de Banfield en Argentine. Convoité par les plus grandes écuries européenne­s, le coach aux costumes sombres a signé l’an dernier une prolongati­on de contrat jusqu’en 2020. Mais il voulait tant gagner cette Ligue des champions, dans un club qui avant son arrivée sur le banc n’avait disputé et perdu - qu’une seule finale de C1, en 1974. « Je ne peux pas dire quelle finale fait le plus mal entre celle-ci et 2014. Mais voir tous nos supporters faire le voyage, payer le déplacemen­t et le billet du stade... On se sent responsabl­es de ne pas leur avoir donné la récompense qu’ils méritaient.» A 46 ans, Simeone a besoin de faire le point et l’issue de sa réflexion est très attendue. Pour Zizou, la belle histoire n’est encore qu’à ses débuts.

A MILAN WILLIAM HUMBERSET

(AVEC AFP)

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Le bonheur en famille.

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