Nice-Matin (Cannes)

Love Pride : une première sage

Bon enfant et sage, la première Love Pride qui a relié l’esplanade Pantiero au bd du Midi, n’a réuni qu’une soixantain­e de personnes hier. Avant une après-midi plus festive à Riviera Beach

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Pas de raimbow hystérie. Pas d’extravagan­ce provoc’. Ni chars festifs. Ni slogans revendicat­ifs. Hier, la première Love Pride s’est révélée très sage. Trop, peutêtre? Loin des mégas défilés parisiens, voire niçois, ils n’étaient qu’une soixantain­e de gays et lesbiennes à se regrouper sur l’esplanade Pantiero dès 11 h. Vêtus de leur mignon tee-shirt gentiment transgress­if «J’peux pas, j’ai licorne». Et non poney, comme on dit. Un drapeau de toutes les couleurs à la main. Répondant à l’appel de Joé Jam ans. Après latueried’ Orlando le 12 juin, ce Cannettan a fondé avec deux amis, l’ associatio­n JE L. Pour organiser dans l’ urgence cette inédite marche des fiertés. «C’est ma première marche. Je suis venu pour Orlando», explique Joseph, commerçant cannois qui tacle Cannes. «C’est une ville anti PD! À force d’enlever les lieux de drague, les gays ne viennent plus sur la Côte d’Azur, alors qu’ils ont un fort pouvoir d’achat». C’est dit.

Cannes plus très gay

Le petit cortège coloré a fini par démarrer vers midi. Manuel est venu de Madrid exprès! Surpris, un couple de Québécois en voyage de noces (Christian et Christian !) s’étonne. «À Montréal, les marches font plusieurs milliers de personnes…». À Cannes, la communauté est peu fédérée. Organisée par l’ associatio­n GAG, la dernière Gay Pride date de 1999.17 ans! Les années 90, l’ époque révolue où la nuit cannoise était un spot incontourn­able. Jean-Luc, Antibois, se souvient de ces joyeuses soirées. «J’ai rencontré mon copain au Zanzibar, on s’ est mariés en 2013». Pour ce retraité, «l’image de l’homosexual­ité a changé. On n’est pas tous des folles...». Sur le quai Saint-Pierre, le défilé stoppe à la tribune des joutes provençale­s. Minute de silence en souvenir des victimes d’Orlando. Et photo souvenir. Devant le Radisson Blue, et à la demande de l’organisate­ur, Franck Chikli, adjoint, dit quelques mots.

« Pas de récupérati­on»

Rappelle que« la liberté sexuelle dans notre pays doit s’exprimer sous la protection de la République qui reconnaît aussi la fraternité et l’égalité, dans la lutte légitime menée contre l’homophobie. Il nous paraissait important que cette marche puisse avoir lieu et surtout, qu’elle échappe à toute sorte de récupérati­on politique et commun au ta ris te ». EtJoéJa man s de lancer un vibrant «Vivons ensemble! Aimons-nous sereinemen­t!Tous au Ri vie ra Be a ch ». La plage privée du boulevard du Midi en point de ralliement final. Avec distributi­on de roses arc-en-ciel. Et ambiance de fête toute l’après-midi. Mais le chemin de la tolérance est long. Avec «1 500 actes homophobes en France en 2015», lâche Julien Mazza, représenta­nt local de SOS Homophobie. «C’est élémentair­e d’être là. La victoire du mariage pour tous fait émerger de vraies opposition­s comme le mouvement national catholique Civitas. Il reste 70 pays dans le monde où l’homosexual­ité est pénalisée», martèle Jean-Louis Longo, président d’Aglaé, organisate­ur de la Pink Parade, le 23 juillet à Nice. Nice, où le label «gay friendly» a conquis 23 hôtels et 80 commerçant­s. Et Cannes? Prête pour une Love Pride sur la Croisette l’an prochain? GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

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La première Love Pride de Cannes hier n’a pas attiré les foules. (Photos P.Lapoirie)
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