Nice-Matin (Cannes)

L’arme fatale

Triple Ballon d’or et capitaine du Portugal, Cristiano Ronaldo revient en finale 12 ans après ses larmes de Lisbonne. Les Bleus sont prévenus, CR7 est déterminé

- A PARIS, MATHIEU FAURE

Cristiano Ronaldo et dix Portugais. C’est réducteur mais c’est un peu vrai. « CR7 » n’est pas un joueur comme les autres. C’est une machine (voir chiffres). Qui ne s’encrasse pas souvent. Surtout pas dans les grands matches. Face au pays de Galles, en demi-finale, le Portugais a marqué son 9e but à l’Euro, rejoignant ainsi Michel Paltini au sommet des buteurs. Certes, le Français s’est emparé de ce record en une seule édition quand le Portugais a bénéficié de quatre fenêtres de tir (2 buts en 2004, 1 en 2008, 3 en 2012 et désormais 3 dans l’Euro 2016). Mais voilà, CR7 est une légende vivante au pays. Du haut de ses 31 ans, il compte le plus de sélections avec le Portugal (132). Le plus de buts marqués (61). Et le plus de réalisatio­ns inscrites dans les tournois majeurs (12). Rien que son but face aux Gallois est encore une affaire de chiffres. En sautant à 76,2 centimètre­s du sol, CR7 a pris le ballon de la tête à une hauteur de 2,61 mètres, soit 17 centimètre­s plus haut que la barre transversa­le. Après être resté quasiment une seconde en l’air, Ronaldo a catapulté le ballon dans les filets du gardien gallois Wayne Hennessey à une vitesse de 71,3 km/h. Le tout en étant au contact du défenseur James Chester, détaillait le Daily Mail. Une dinguerie. Qu’il semble loin le temps où le jeune Cristiano, dentition imparfaite et corps frêle, s’exilait sur un côté pour se perdre dans des séries de dribbles inutiles.

L’ailier devenu buteur

Le garçon a mûri. Il est devenu homme. Père. Capitaine. Trentenair­e. Il n’a plus de temps à perdre, surtout avec son pays qu’il porte à bout de bras depuis dix ans et une finale d’Euro perdue à domicile contre la Grèce. C’était en 2004. Et CR7 avait terminé le match en pleurs... Il n’a rien oublié. « Nous devons être positifs, parce que je crois que dimanche (aujourd’hui) ce sera la première fois que le Portugal va gagner un trophée important », lâchait-il sur le site de l’UEFA vendredi. Pour y parvenir, Cristiano a changé de registre. A ses débuts, CR7 était un

vulgaire ailier dont la principale qualité s’appelait « vitesse ». Sa raison de vivre se résumait souvent à une succession de passements de jambe. Le reste ne l’intéressai­t pas. Des grigris que le poétique László Bölöni, son premier entraîneur au Sporting Lisbonne, aimait comparer « aux épines d’une rose. Mon travail d’entraîneur, c’était d’en retirer le maximum, mais aussi d’en garder les meilleures. Car une belle rose doit aussi

avoir des épines. » A 31 ans, CR7 est une fleur parfaite. Entre-temps, Manchester United, où il a joué entre 2003 et 2009, a façonné le garçon avant que le Real Madrid ne le consacre en buteur royal. Dans le nord de l’Angleterre, Ronaldo rencontre Sir Alex Ferguson mais aussi René Meulenstee­n, son adjoint. Après des débuts timides (18 buts en championna­t lors des 3 premières saisons), le Batave prend le jeune Portugais à part et lui délivre un message simple et direct : « Tu dois penser à l’équipe et marquer plus de buts si tu veux vraiment être le meilleur. » Derrière, Ronaldo change son jeu. Se recentre. Et devient un tueur dans la surface de vérité. 17 buts la saison qui suit en Premier League. 31 sur la suivante. La machine est enfin lancée. L’ailier virevoltan­t est devenu un renard des surfaces qui ne s’arrête jamais. Un buteur qui sait tout faire : pied droit, pied gauche, tête, coup franc. Ce soir, la défense des Bleus va passer un sérieux test. Cristiano Ronaldo est en mission. S’il veut définitive­ment rentrer dans la légende de son pays et dépasser les Eusebio ou Magellan, il a, là, une formidable opportunit­é pour s’installer là-haut. Au sommet. Seul.

« Nous devons être positifs, parce que je crois que dimanche (aujourd’hui) ce sera la première fois que le Portugal va gagner un trophée important .»

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