Nice-Matin (Cannes)

Gustave Kervern: « Parfois, j’ai encore l’impression de rêver »

-

Il a vu le jour à Maurice mais a grandi à Nice. Où, mine de rien, il a décroché un DUT avant de réussir Sup de Co à Marseille. Rien à voir avec le cinéma où, pourtant, Gustave Kervern fait des étincelles. Comme acteur, déjà, au côté de Catherine Deneuve (Dans la cour ) et Isabelle Huppert (Asphalte), ou chez Albert Dupontel (Enfermés dehors). Mais aussi en qualité de coréalisat­eur, puisqu’il a signé avec son complice de Groland, Benoît Delépine, Mammuth, Saint-Amour ou encore Le Grand Soir. Où Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Michel Houellebec­q s’épanouisse­nt dans le luxe d’une certaine liberté. Avec le secours d’une oreillette pour le premier: «Nos seuls effets spéciaux, c’est pour l’effacer à l’image.» Ce faux dilettante est un bosseur né dont le parcours avait assez mal commencé. Comptable dans une papeterie industriel­le de Cagnessur-Mer, il a vécu un an de calvaire: «J’étais nul. Apprenant qu’un audit allait être fait, je me suis enfui avant d’être viré.» Direction Paris pour des débuts mouvementé­s dans la musique, puis à la télé où il entre par la filière mauricienn­e. «Filière se résumant à une personne : ma cousine.» Se succèdent Avis de recherche, Surprise, sur prise! et des contrats dans l’ombre de Gad Elmaleh ou Arthur. Sans oublier un poste de régisseur à Bobino qu’il n’occupe pas plus de trois mois. Kervern réussit à rejoindre Yvan Le Bolloc’h et Bruno Solo, sur la foi d’un CV contrefait: «J’ai prétendu que je savais écrire des sketches, ce que je n’avais évidemment jamais fait.» Arrive l’ère Groland, avec Jules-Edouard Moustic et Benoît Delépine, croisés au Festival de Cannes, dans une fête. Canal + n’y a pas renoncé: «Nous sommes les rescapés du carnage.» Il y a sans doute un peu de désordre, dans cet inventaire. «Ona même été accueillis comme des rois sur TF1 avant d’être jetés comme des merdes au bout de trois émissions», se souvient Gustave, amusé.

Le grand capital chez les Compagnons d’Emmaüs

Pour le moment, Gustave Kervern se consacre à l’écriture, avec Delépine, d’un nouveau long-métrage dont le tournage est prévu à l’été 2017. «C’est un gars qui a fait une école de commerce et qui tente d’introduire le capitalism­e dans une communauté d’Emmaüs. De quoi foutre le bordel dans un truc déjà précaire…» En attendant, il joue. Dans Cigarettes et chocolat chaud, premier film de Sophie Reine, monteuse césarisée en 2009 pour Le Premier jour du reste de ta vie, il campe un père élevant seul ses enfants. Qu’une assistante sociale oblige à suivre un stage de «bon papa», ce qui, dit-il, existe vraiment. Suivra Un petit boulot, avec Romain Duris et Michel Blanc qui a écrit le scénario. Un projet dans le Larzac avec Anaïs Demoustier. Et peut-être, en fin d’année, un rôle dans la première réalisatio­n du chanteur Raphaël. Juste l’été pour souffler.

FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr Tongs ou espadrille­s? « Tongs. A l’Île Maurice, où je suis né, je n’ai porté que cela jusqu’à l’âge de sept ans. Si bien qu’aujourd’hui, je suis le mec qui porte les tongs le plus longtemps à Paris. Je prolonge ce plaisir jusqu’à l’arrivée de l’hiver. J’ai même fait le Festival de Cannes en tongs !

Curry ou farcis? Je préfère le curry. Ou alors, la pissaladiè­re, dont je suis un grand fan. Et j’ai un bon copain dont j’adore le restaurant. Le Borghese, dans le quartier du port.

Content de ta voiture? Je n’ai pas de bagnole et je n’y connais rien. J’en loue pour les vacances et je prends ce qu’on me donne. Je ne regarde même pas la marque.

Nice ou Maurice? J’adore les deux. Ma mère vit à Cimiez et j’ai une petite maison à Maurice. J’y passe un mois, chaque été.

 ?? (Photo Frantz Bouton) ??
(Photo Frantz Bouton)

Newspapers in French

Newspapers from France