Revente par le FN de produits dérivés : plainte de la Région
Constat d’huissier à l’appui, la Région dénonce le détournement de ses pin’s, tee-shirts et autres porte-clés lors du rassemblement bleu-blanc-rouge de Marion Maréchal-Le Pen
La politique ne se nourrit pas que de belles idées. Pour couvrir leurs frais de fonctionnement, les partis sont devenus des « marques ». Pas de meeting sans merchandising. Toutes les formations politiques ont recours à ce mode de financement. Le rassemblement « bleu blanc rouge » organisé ce samedi au Pontet, dans le Vaucluse, par Marion Maréchal-Le Pen n’a pas dérogé à cette règle économique. A ce détail près que les tee-shirts et autres porte-clés mis en vente n’étaient pas siglés aux couleurs du front national... Certains goodies à la vente portaient les armoiries rouge et or de la Région ! Dans l’entourage du président de Paca, Christan Estrosi, on se dit «abasourdis» et on annonce qu’une « plainte va être déposée ». Du côté du Front national on dénonce une « histoire de cornecul montée en épingle » et on minimise l’affaire. Dans un communiqué, Lionel Tivoli, le secrétaire départemental du FN évoque une « polémique artificielle » et des « attaques démesurées » pour ce qui ne serait qu’une « maladresse commise par un bénévole inexpérimenté ». Ce n’est pourtant pas la version que livre dans son constat l’huissier immédiatement dépêché sur place par le directeur de cabinet Tout se vend au rassemblement « bleu blanc rouge » organisé samedi dans le Vaucluse par Marion Maréchal-Le Pen : des bouteilles à l’effigie des dirigeants du FN mais aussi des objets promotionnels de la Région Paca. (Photos AFP)
de Christian Estrosi.
« La question de l’argent et de sa destination »
L’officier ministériel relate avoir accompagné Dominique, une habitante du Vaucluse, ce samedi après-midi, au rassemblement « bleu blanc rouge » organisé par le FN à l’hippodrome de Roberty, route de Carpentras. Il a même dû s’acquitter du prix d’entrée : deux euros. Pourtant ce n’est
pas le discours de Marion Maréchal-Le Pen qui intéresse l’huissier. Pas même la visite surprise de sa tante Marine. Il se dirige directement vers les stands. Sur l’un d’eux « où est adossé un drapeau à fond bleu Front national (...) Dominique achète un teeshirt noir au logo de la Région Paca vendu pour un prix de 10 euros », relate l’huissier qui atteste que « des porte-clés et des pin’s aux armoiries rouge et or étaient également en vente aux
prix respectifs de deux et un euro ». Pas de quoi sans doute financer les prochaines présidentielles, mais au conseil régional, on en fait une question de principe. Pas seulement parce que dans l’entourage de Christian Estrosi on se dit « abasourdis de voir ainsi l’image de la région associée à celle du Front national », mais « parce que ces goodies appartiennent à la collectivité » et leur vente est tout simplement « interdite » : « Ça pose la question de l’argent et de sa destination. » Voilà pourquoi le conseil régional a décidé de saisir la justice.
« Erreur humaine » selon le FN
Pour sa part, Pierre-Paul Léonelli, le président Les Républicains du groupe Union pour la Région, a bien l’intention de solliciter la déontologue du conseil régional, « la magistrate Catherine Huchon-Trochin » sur « l’éthique de ces élus, toujours prêts à se parer de blanc, qui usent des moyens de la collectivité publique pour assurer le financement de leur action politique ». De quoi nourrir des poursuites pour détournement de biens publics ? Du côté du Front national, on estime que ce serait cher payé le tee-shirt. Car, affirme Lionel Tivoli, la vente constatée par l’huissier aurait été la seule de la journée. Elle aurait eu lieu pendant les discours, « alors que les responsables de la fédération ou de l’organisation étaient dans les tribunes ». Elle serait le fruit d’une «erreur humaine» commise par « un bénévole inexpérimenté ». Car le FN l’assure, les gadgets de la région « n’étaient pas du tout destinés à cela initialement ».
ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr