Casseurs à la disqueuse du Sud-est : cinq ans de prison
De janvier à mai 2015, une équipe de cambrioleurs de magasins et d’entrepôts, spécialisée dans la découpe des rideaux de fer à la disqueuse, a été particulièrement active dans la région. Ses cibles? Les enseignes situées dans les zones commerciales, et vendant de la parfumerie, des lunettes solaires, des vêtements de marques, des téléviseurs et autres home cinémas.
Équipe très véloce
Sa technique? D’abord la rapidité: les casses étaient opérés en moins de dix minutes. Les objets volés étaient jetés à la va-vite dans des poubelles, et l’équipe décampait avant l’arrivée des services de sécurité. Ensuite la mobilité: les casseurs utilisaient deux coupés Mégane RS volés et faussement plaqués, qu’ils incendiaient ensuite. Ce qui leur permettait, dans la même nuit, de braquer à 3h54 un magasin de vêtements à Mandelieu, puis à 4h17 un magasin d’optique au Pugetsur-Argens.
Dans quatre départements
L’équipe sévissait indifféremment dans les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse. Chargés de l’enquête, les gendarmes de la section de recherches de Marseille ont utilisé tous les moyens disponibles pour parvenir à identifier les auteurs. Empreintes génétiques et digitales, téléphonie mobile, écoutes, enregistrements des vidéosurveillances des magasins visés, mais aussi des enseignes voisines, jusqu’à la pose de mouchards de géolocalisation sur les véhicules suspects. Cette enquête, placée sous l’autorité d’un juge d’instruction dracénois, a cependant avorté partiellement en novembre 2015, avec l’intervention inopinée sur un casse, d’un équipage de la brigade anticriminalité de Marignane. Cette procédure a cependant conduit Francis Guerdener, un manouche de 47 ans vivant dans une communauté de gens du voyage à Gignac, dans le box du tribunal correctionnel de Draguignan.
Le luxe et les marques
Il a nié être concerné en quoi que ce soit par les quatre vols à la disqueuse qui lui étaient reprochés. Son ADN sur un téléviseur dans un entrepôt dévalisé au Puget-sur-Argens? «Normal. En allant voir de la famille à Puget, j’étais allé regarder les prix pour faire les soldes.» Les quinze pots de cosmétiques de luxe, trouvés chez lui et provenant d’une parfumerie d’Aubagne ? «C’est à ma femme.» Les vêtements de marque correspondant à un casse à Mandelieu? «On les a pris dans mon linge sale. C’était des vêtements usagés.»
Et les gants?
Francis Guerdener a nié de la même manière le recel de trois véhicules volés puis incendiés, dont une Mégane RS géolocalisée à plusieurs reprises à côté de chez lui. «À côté de chez moi, c’est pas chez moi.» La carte électronique d’une autre Mégane RS volée avait aussi été trouvée à son domicile. Compte tenu d’un casier judiciaire comportant plusieurs mentions, dont une condamnation criminelle pour des vols à main armée dans la Drôme, le procureur a requis sept ans de prison contre Francis Guerdener. «Dans ce dossier, il n’y a contre lui que son ADN, a objecté Me Régine Ciccolini, qui plaidait la relaxe. Sur la vidéo du vol, on a l’impression que la personne qui a touché le téléviseur portait des gants. Et les malfaiteurs n’enlèvent pas leurs gants au moment de saisir les objets qu’ils vont voler.» Francis Guerdener a été condamné à cinq ans de prison ferme.
G. D.