Nice-Matin (Cannes)

 juillet: une armée sur tous les fronts

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Plus de 3000 militaires, dont des Néo-Zélandais et des Australien­s, participer­ont jeudi au traditionn­el défilé du 14 juillet, qui s’inscrit cette année dans un contexte de très fort engagement des armées contre le terrorisme, du Sahel aux rues des villes hexagonale­s. En métropole, en opérations extérieure­s, dans les DOMTOM, prépositio­nnés à Djibouti ou Abidjan… Au total, la mobilisati­on touche plus de 30000 militaires et les trois armées sont «au taquet», affirme leur chef, le général Pierre de Vil li ers. La France est «en guerre» , résume le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, pointant «une rupture grave et sans nul doute durable» avec la situation qui prévalait depuis la chute de l’URSS.

Sans équivalent depuis la guerre d’Algérie

Dans la foulée des attentats de 2015, l’armée de terre a engagé un effort sans précédent depuis les années noires de la guerre d’Algérie, mobilisant 10000 soldats en permanence sur le territoire national. L’opération, baptisée Sentinelle, pèse sur les régiments, qui manquent de temps pour s’entraîner, et sur le moral des soldats, absents jusqu’à 230 jours par an. Pour la commission d’enquête parlementa­ire sur les attentats, qui vient de rendre ses conclusion, le déploiemen­t de militaires n’a cependant qu’«une portée limitée sur la sécurité nationale». Un constat qui semble être partagé par les militaires, qui choisissen­t le métier des

armes avant tout pour les «Opex» (opérations extérieure­s). Ils comprennen­t ainsi assez mal les missions statiques devant des lieux de culte ou des écoles dans lesquelles leur savoir-faire est peu mis à contributi­on. Pour les députés Olivier Audibert-Troin (LR, 8e circonscri­ption du Var) et Christophe Léonard (PS), la mission Sentinelle devrait retrouver son format prévu dans le contrat des armées, à savoir 7000 hommes et 10000 seulement sur un mois. Ils demandent aussi une «juste compensati­on financière» des soldats afin de rendre l’opération Sentinelle «plus attractive» et de mieux «fidéliser» des engagés généraleme­nt peu enclins à renouveler un premier contrat de cinq ans (seuls 30% le font). Vingt ans après le coup d’envoi

de la profession­nalisation des armées, l’engagement de la jeunesse est aussi au coeur de ce 14 juillet. «Avant, on avait une armée de régiments profession­nels (légionnair­es, troupes de marine, etc.) et une armée d’appelés, l’arme au pied, qui offrait les poitrines face aux hordes soviétique­s», résume l’amiral retraité Alain Coldefy, expert à l’Institut des Relations internatio­nales et stratégiqu­es (Iris). Aujourd’hui, «les effectifs ont été en gros divisés par deux mais il faut les payer davantage, les équiper normalemen­t, donc cela coûte cher».

Davantage de candidats

Au lendemain des attentats de 2015, les demandes d’engagement ont grimpé en flèche, offrant un vivier de recrutemen­t plus large, soit deux candidats pour un poste. Après des années

difficiles, l’armée de terre va recruter 15000 personnes en 2016 pour la mission Sentinelle. Parmi les autres secteurs qui bénéficien­t de moyens accrus pour mener la guerre contre le terrorisme figurent les services de renseignem­ent et les forces spéciales. Aujourd’hui, «les forces spéciales, ce sont 4000 personnels, plusieurs dizaines d’hélicoptèr­es et des capacités aériennes permanente­s», note l’ex-commandant des opérations spéciales (COS), le général Grégoire de Saint-Quentin. Le Renseignem­ent militaire (1700 hommes) se muscle aussi avec le recrutemen­t à venir de 400 personnes, l’acquisitio­n d’avions légers de surveillan­ce, de drones et le développem­ent de technologi­es de pointe pour recouper des masses d’informatio­ns exponentie­lles.

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(Photo d’archives Franz Chavaroche) L’opération Sentinelle mobile   soldats en permanence sur le territoire national (ci-dessus pour le dernier carnaval de Nice).

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