En dix ans, le musée du Quai Branly voulu par Chirac a trouvé son public
Il est né il y a dix ans dans la polémique, mais le musée du Quai Branly, fort d’un indéniable succès public et d’un généreux engagement financier de l’État (1), a su trouver sa place. L’établissement vient d’être rebaptisé «Quai Branly - Jacques Chirac», une appellation justifiée tant a été grande l’implication de l’ex-président dans la création de ce musée des arts d’Afrique, d’Océanie et des Amériques. Et une exposition intitulée «Jacques Chirac ou le dialogue des cultures» (jusqu’au 9 octobre), conçue par l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, rend actuellement hommage à la passion de l’ancien chef de l’État pour les civilisations premières. L’engagement de l’ancien président fut en partie lié à une rencontre: celle du collectionneur Jacques Kerchache, qui militait pour l’intégration de l’art non occidental dans les grandes collections, comme celle du Louvre. Il trouve une oreille attentive auprès de l’ancien chef de l’État, qui, dès son élection en mai 1995, lance le projet d’un grand musée des cultures non européennes. Un terrain est retenu sur les bords de Seine, à deux pas de la tour Eiffel, et Jean Nouvel choisi pour concevoir le bâtiment: il en fera quatre, réservant plus de la moitié de la superficie à un jardin, protégé de la circulation par un mur de verre.
, million de visiteurs annuels
Malgré des problèmes de finition et des dépassements de devis, l’oeuvre de Jean Nouvel est bien reçue. La polémique viendra d’ailleurs: pour constituer ses collections, la direction du Quai Branly a en effet prélevé massivement des oeuvres dans d’autres institutions publiques. En 1998, le Musée de l’homme est dépouillé de quelque 300 000 pièces, et celui des Arts d’Afrique et d’Océanie de 25000 objets. Des déménagements qui passent mal chez les chercheurs. Aujourd’hui, le Quai Branly enregistre une moyenne de 1,35million de visiteurs par an «là où les prévisions de fréquentation les plus optimistes s’établissaient à 800000 visiteurs annuels», selon son président. Un succès dû aussi à «une nouvelle lecture des cultures, des mouvements sociétaux ou historiques» avec des expositions comme «Planète métisse», «Cheveux chéris» ou «Tatoueurs, Tatoués» (2014-2015).
1. Les subventions publiques atteignent 77% du budget annuel, alors qu’ elles représentent la moitié du budget du L ouvre et un quart de celui du musée d’Orsay.