Nice-Matin (Cannes)

Zaz : « Le système, il faut lui rentrer dedans »

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C’est une tornade d’énergie souriante qui déboule dans le backstage des Nuits du Sud à Vence. Zaz enchaîne interviews et séances photos, avec une boulimie qui étonne. Les artistes en tournées estivales ont souvent tendance à considérer cela comme des vacances anticipées et à traîner les pieds lorsqu’il s’agit de rencontrer les journalist­es. Pas elle. Isabelle Geffroy, alias Zaz, a des choses à dire. « En plus, j’ai arrêté de fumer il y a un mois, faut que je m’occupe », confie-t-elle en se marrant. Sa voix porte. Dans le brouhaha fébrile de la préparatio­n du concert d’ouverture du festival, soudain, on n’entend qu’elle. Elle pense que son étonnant succès à l’étranger (où elle est l’artiste française qui vend le plus, après David Guetta !) tient en partie à la puissance de son organe : « En Allemagne, dans les pays de l’est, en Amérique du sud, ils aiment les chanteuses à voix. La gouaille, le côté populaire leur plaisent. La comparaiso­n avec Piaf, même si j’en suis loin, a aidé aussi, c’est sûr… ». Son dernier album de reprises de chansons populaires, Paris, a fait un carton à l’export. Jusqu’au Japon où on se l’arrache. « Dès le premier disque, j’ai commencé à vendre autant à l’étranger qu’en France, se souvient Isabelle. Les gens aiment entendre chanter en français. Il y a dans mes chansons un côté tzigane, mélancoliq­ue et joyeux à la fois, qui les accroche. Et puis, il faut dire que je donne beaucoup sur scène. Le plus beau compliment qu’on m’ait fait à l’étranger, c’est : “On ne comprend pas ce qu’elle dit, mais on reçoit ce qu’elle donne” ».

Poursuivie sur les réseaux sociaux

Zaz donne effectivem­ent beaucoup. Pas seulement sur scène. Hors scène aussi elle est active, avec Colibri, l’associatio­n qu’elle soutient depuis ses débuts, et Zazimut celle qu’elle vient de créer pour financer des projets éducatifs avec l’argent du merchandis­ing de ses concerts (voir ci dessous). Elle ne le fait pas pour ça, mais Zaz espère que cela contribuer­a à désarmer les « haineux » qui la poursuiven­t de leur mépris et de leur vindicte sur les réseaux sociaux depuis ses débuts avec son tube « Je veux ». « C’est sûr qu’il y a un paradoxe à s’afficher anti-système et à montrer sa gueule dans des émissions de variétés sur TF1, reconnaît-elle. Mais le système, c’est nous qui le faisons. On ne peut pas le changer en restant à l’extérieur. Il faut lui rentrer dedans ».C’est ce qu’Isabelle s’emploie à faire, en chansons et en actes : « Ceux qui doutent encore de mon intégrité et de ma sincérité peuvent voir ce que je fais. On me connaît mieux aujourd’hui, il me semble. L’image médiatique que j’avais commence à changer ». C’est vrai que Zaz ne ressemble pas du tout au cliché « Piaf de supermarch­é-cheveux gras-punk à chien » que répandent à plaisir ses « haters » sur les internets. En plus d’être volontaire et intelligen­te, Zaz est très zolie.

PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr Tongs ou espadrille­s ? Tongs

Casquette ou turban ? Turban

Short ou boubou? Boubou

Bal des pompiers ou Balavoine ? Balavoine

Palindrome ou Ardèche ? Les deux

T’as chaud ou Geffroy ? Geffroy a chaud

D’où tu viens? Pologne et Bulgarie

Où tu vas ? Lunel, Pamiers , Luxeuil...

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(Photos Franz Chavaroche)

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