Nice-Matin (Cannes)

Après le scandale, l’abattoir regarde vers l’avenir

Des salariés et des éleveurs inquiets: un conseil d’administra­tion extraordin­aire se tenait hier après le scandale soulevé il y a dix jours par les vidéos pirates de l’associatio­n L214

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Vos abatteurs sont des S. S » ; « On va boycotter votre camping, votre village. » Des enveloppes tachées de sang, des menaces sur du papier toilette... Voici quelques-unes des innombrabl­es réactions hostiles reçues par le village de Puget-Théniers et son abattoir depuis la révélation d’images choquantes par l’associatio­n militante L214. Le 29 juin dernier, elle a diffusé une vidéo dévoilant des séquences d’abattage, dont certaines tournées clandestin­ement à PugetThéni­ers. Hier, le conseil d’administra­tion extraordin­aire convoqué à la suite du scandale a duré de longues heures. Une vingtaine de personnes étaient présentes à la maison des services publics, sous la présidence d’Emmanuel Vizza, président du syndicat mixte, en présence de Sophie Béranger-Chervet, directrice départemen­tale de la protection des population­s des Alpes-Maritimes (1).

Des employés sous le choc

L’abattoir, fermé six jours sur décision de sa direction, a rouvert jeudi dernier. « Quand j’ai décidé de la réouvertur­e, la préfecture a donné son aval, ce qui prouve bien qu’il n’y a pas eu de maltraitan­ce animale.

Sans cela nous aurions été sous le coup d’une fermeture administra­tive. Le montage effectué par l’associatio­n était un amalgame », souligne Emmanuel Vizza. Avant de reprendre l’activité, le président s’est assuré que le personnel, pris en charge par des psychologu­es, allait bien. « C’était pour moi essentiel. » Lequel

personnel a été invité à rester une demi-heure pour entendre le soutien des élus. Concrèteme­nt, il a été décidé hier que les six agents bénéficier­aient d’une formation continue d’une journée chaque année.

« Volonté de transparen­ce »

Le député Charles-Ange

Ginesy, membre du conseil d’administra­tion, y était favorable comme beaucoup d’autres. « Je tiens à préciser qu’il n’y a eu aucun cas de maltraitan­ce animale, ce qu’a confirmé la préfecture. Cette dernière a en revanche insisté sur la mise en conformité du piège à bovins », commente CharlesAng­e Ginesy.

Les bovins entreront donc dans le piège puis seront ensuite étourdis avant abattage. « Il y a une vraie volonté de transparen­ce de la part de tout le monde, direction, salariés, éleveurs », souligne Charles-Ange Ginesy. Les salariés eux-mêmes ont réclamé des caméras dans l’abattoir. Leur demande sera étudiée, mais pose certaines difficulté­s légales. D’autres seront implantées à l’extérieur. L’abattoir, construit en 1936, rouage indispensa­ble à l’économie du moyen pays. est en déficit de près de 300 000 euros, malgré des investisse­ments importants. Le maire de Puget-Théniers, Robert Velay, ancien boucher de profession, est monté hier au créneau pour demander la constructi­on d’un abattoir flambant neuf. La propositio­n n’a pas reçu un écho très favorable. Trop cher. « Je pense qu’il faut plutôt moderniser l’existant, explique Charles-Ange Ginesy, et se pencher sur la création d’un atelier de découpe. Un projet dans lequel les profession­nels sont prêts à prendre une participat­ion, mais dont il faudrait dessiner les contours juridiques » En attendant, les six salariés de l’abattoir se forcent à regarder vers l’avenir. Non sans garder au fond du coeur le sentiment d’un énorme gâchis.

GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Des élus du conseil départemen­tal étaient également présents, dont Francis Tujague, Anne Sattonnet, des représenta­nts des associatio­ns d’éleveurs, des représenta­nts de l’associatio­n des usagers de l’abattoir, ou le président de la Chambre d’agricultur­e, Michel Dessus.

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(DR) L’abattoir de Puget-Théniers est dans la tourmente depuis une dizaine de jours. Le conseil d’administra­tion d’hier était la première pierre lui permettant de regarder vers l’avenir.

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