Nice-Matin (Cannes)

Justice : à Saint-Tropez, les Napolitain­s ne donnaient pas l’heure... mais ils l’arrachaien­t !

- G. D.

Dans les statistiqu­es judiciaire­s azuréennes, les vols à l’arraché de montres de luxe sont une activité saisonnièr­e qui ne faiblit pas. Depuis 2007, les parquets des tribunaux des Alpes-Maritimes et du Var comptabili­sent des dizaines de ces vols, commis le plus souvent à Cannes, Nice et Saint-Tropez, et une quinzaine de personnes impliquées. Principale­ment originaire­s de Naples, où ce type de délinquanc­e organisée semble disposer de réseaux de recel. Deux couples de Napolitain­s, en comparutio­n immédiate différée devant le tribunal correction­nel de Draguignan, en ont fait les frais des progrès technologi­ques de la vidéosurve­illance, qui ont permis de les arrêter en flagrant délit, le 25 mai dernier à Saint-Tropez. Ce jour-là, un touriste italien était attablé à la terrasse d’un café, sur le quai Mistral. La vidéosurve­illance a parfaiteme­nt montré comment il avait été pris en filature, jusqu’à cet établissem­ent, par deux couples. L’un d’eux s’était approché, presque au contact, pour vérifier qu’il portait bien au poignet une montre Patek Philippe. Pas suffisamme­nt près toutefois, pour discerner qu’il s’agissait d’une copie asiatique à 100 euros. Au moment où le touriste s’apprêtait à repartir, un homme lui a arraché sa montre, est parti en courant, et a enfourché la moto d’un complice qui l’attendait. La vidéosurve­illance, désormais capable de lire automatiqu­ement les plaques d’immatricul­ation, a permis de suivre cette moto jusqu’à une voiture relais, à bord de laquelle les deux couples tentaient de prendre le large. Ils ont été arrêtés après une brève course-poursuite, se disant étrangers au vol. Dans le coffre de la voiture, les gendarmes ont néanmoins retrouvé les clefs de la moto utilisée pour le larcin.

Des précédents dans les archives

Rosa Capasso, 22 ans, et Mario Di Matteo, 29 ans, outre leurs dénégation­s, n’avaient pas grand-chose à dire au tribunal, si ce n’est qu’ils étaient venus passer quelques jours sur la Côte d’Azur, pour se changer les idées. N’étant concernés que par ce flagrant délit, et disposant de casiers judiciaire­s vierges en France, ils ont été condamnés à un an de prison, dont la moitié avec sursis, mais maintenus en détention. Pour le second couple, c’est une autre histoire. Car vu le mode opératoire utilisé, les enquêteurs tropéziens ont ressorti de leurs dossiers en attente toutes leurs enquêtes préliminai­res pour des faits identiques. Ils ont retrouvé trois procédures impliquant un grand barbu, pouvant être Giovanni Sorriente, 25 ans, et Annalisa Di Napoli, 41 ans, demeurant à Naples. Tous deux ont contesté avoir commis les vols avec violence : le 29 juin 2015 d’une fausse Rolex, le 27 juin 2015 d’une Patek Philippe à 90 000 euros, le 9 juin 2015 d’une autre Patek Philippe à 350 000 dollars, à un touriste américain.

Trois et quatre ans d’emprisonne­ment et   euros d’indemnisat­ion

Cette reconstitu­tion du puzzle des procédures tropézienn­es a en outre impliqué Annalisa Di Napoli dans deux autres vols à l’arraché, commis précédemme­nt avec un autre complice. Le 2 septembre 2013, une montre Richard Mille avait été volée à un touriste espagnol et le 6 août 2013, une Rolex Daytona avait été arrachée à un commerçant tropézien. Compte tenu de leur implicatio­n différente, Giovanni Sorriente a été condamné à trois ans d’emprisonne­ment, et Annalisa Di Napoli à quatre ans ferme, avec maintien en détention pour les deux. Ils devront solidairem­ent indemniser le préjudice d’une des victimes à hauteur de 81 450 euros, son assurance ne couvrant pas le vol à l’arraché.

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