Retraites: pour le gouvernement, plus besoin de reculer l’âge de départ
Plus besoin de reculer l’âge de départ à la retraite, s’est félicitée Marisol Touraine hier. Fort du « très net rétablissement » des comptes du système de retraites, le gouvernement affûte ses armes pour la présidentielle, taclant au passage les programmes d’Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et consorts. « La France a su remettre son système de retraites sur la voie d’un équilibre financier durable », s’est réjoui, hier, le Premier ministre Manuel Valls, vantant « un très net rétablissement », après la remise du troisième avis du comité de suivi des retraites. « L’équilibre financier des régimes de retraites (...) est assuré », a abondé sa ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, devant la presse à Matignon. Créé en 2014, le comité de suivi doit vérifier que le système répond bien à trois objectifs: niveau de vie des retraités, équité entre assurés, pérennité financière. En cas de non-respect de ces objectifs et sur la base des projections publiées un mois plus tôt par le conseil d’orientation des retraites, l’instance peut
également formuler des recommandations, ce qu’elle ne fera pas en 2016, pour la troisième année consécutive. Principal motif de satisfaction pour le gouvernement, pour la première fois depuis plus de dix ans, la branche retraite de la Sécurité sociale devrait être excédentaire cette année, à hauteur de 500 millions d’euros. Un retour dans le vert qui ne tient pas compte du déficit du Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui verse notamment les cotisations retraite des chômeurs et le minimum vieillesse, attendu à 3,9 milliards d’euros. Et largement lié, d’après la Commission des comptes de la Sécurité sociale, à la réforme de Nicolas Sarkozy, qui a reculé l’âge légal de départ de 60 à 62 ans. D’après les prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR), plus optimiste cette année qu’en 2015, le déficit du système de retraites (tous régimes et FSV inclus) se réduirait à l’horizon de 2020 à -0,2 % du PIB, soit environ 4 milliards d’euros. Avec un taux de chômage de 7 % et une croissance minimum d’1,5 % des revenus d’activité, l’équilibre reviendrait même dès le milieu des années 2020. Dès lors, « la question de l’âge du départ en retraite n’a plus aujourd’hui de raison d’être posée pour des raisons financières », a fait valoir Marisol Touraine, lançant un message aux principaux candidats de la primaire de droite, tous partisans d’un recul : à 65 ans pour Alain Juppé et François Fillon, à 64 ans pour Nicolas Sarkozy, candidat pressenti.