Nice-Matin (Cannes)

La lutte finale

Les Bleus ont dominé pendant 90 minutes avec des éléments favorables (blessure de Ronaldo), mais la lumière n’est jamais venue. Retour sur un épilogue

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❒ La tête de Griezmann (début de match’)

Moins de 10 minutes de jeu, Antoine Griezmann force Rui Patricio à une première parade sur un amour de tête lobée à la suite d’une caresse de Payet dans la profondeur. Dans leur 4-4-2 habituel, les Bleus ont parfaiteme­nt lancé leur match. Le ballon sortait vite et bien. Griezmann était partout, Giroud fixait bien les deux centraux, Sissoko s’intercalai­t et cassait les lignes. Avec du recul, c’est sans doute le meilleur début de match des Bleus depuis longtemps. Il n’a manqué qu’un but dans ce gros temps fort. Avec le recul, on sait qu’il n’est jamais venu...

La blessure de CR (’-’)

Dans un choc avec Dimitri Payet, Cristiano Ronaldo se tord de douleur. En tribune de presse, les ralentis tournent en boucle. Le genou a tourné. Impossible qu’il retrouve le terrain. Le Portugais reprend. Il boîte. Beaucoup. Incapable d’accélérer, il s’écroule une première fois, en pleurs. Il se fait strapper. Retente le coup. Impossible. La machine est cassée et le triple Ballon d’or demande le changement. On joue la 25e minute et le Portugal se retrouve amputer de sa seule force de frappe offensive et de son capitaine. A ce moment, Quaresma rentre et le Portugal passe en milieu en losange avec Renato Sanches en axial (4-2-3-1 avec le seul Nani en pointe). Ca verrouille et attend. A ce moment, le Portugal est une bête blessée. Il faut l’achever. Ce que ne feront jamais les Français.

La folie Sissoko (’-’)

Chahuté à l’annonce des 23, souvent présenté comme le « chouchou » de Deschamps Moussa Sissoko a livré une première période exceptionn­elle en finale de l’Euro. Par trois fois, il a fendu le rideau portugais par des percées rageuses (7’, 22’, 30’) sans compter son contrôle orienté au coeur de la surface qui va déboucher sur une frappe sèche détournée par Rui Patricio (34’). Les 45 premières minutes du joueur de Newcastle sont époustoufl­antes. C’est inattendu et fou car dans une équipe composée de Pogba, Payet ou Griezmann, le meilleur homme du match s’appelle Sissoko. Preuve que les « cadres offensifs » n’ont jamais réussi à prendre les clés de cette finale.

Les occasions manquées (’-’)

Au retour des vestiaires, les Bleus vont avoir quatre occasions très franches de prendre l’avantage : la tête de Griezmann au-dessus (66’), la frappe de Giroud détournée par Rui Patricio (75’), le missile de Sissoko (84’) et, surtout, le poteau de Gignac (90’+2). Avec la première période, les Bleus ont eu six occasions franches d’ouvrir la marque. Le Portugal, aucune. A l’instar des Allemands en demi-finale, quand vous ne marquez pas sur vos temps forts, vous êtes souvent punis. Le football a ses postulats. «On a sans doute manqué de fraîcheur et de lucidité dans le dernier geste», admettra Deschamps après le match. Deschamps, aussi, a manqué de lucidité dans ses changement­s. La

sortie de

Giroud pour Gignac a soulagé l’axe FontePepe. Même s’il n’est pas le plus virevoltan­t balle au pied, Giroud fixait parfaiteme­nt la charnière adverse. Coman a réussi 15 premières minutes incroyable­s avant de s’enfermer dans ses dribbles par la suite et Anthony Martial – complèteme­nt perdu durant cet Euro – est rentré quand le Portugal menait 1-0. En face, Fernando Santos a fait rentrer Quaresma, Joao Moutinho et surtout Eder. Trois rentrants qui ont fait un bien fou. Sur ce point-là, le Portugal a largement gagné sa finale.

❒ La faillite collective (’-’)

Le poteau de Gignac, dans les derniers instants du match, sonne la fin de la domination française. Derrière, les Bleus ont les jambes coupées, incapables de repartir au combat, la prolongati­on va être une lente agonie pour l’équipe de France. Et comme le Portugal est tout heureux d’être toujours en vie, les courbes vont s’inverser. Deschamps, à qui il reste un remplaceme­nt (le Portugal a fait son troisième et dernier à la 79e) ne bouge pas. Eder place une première tête sauvée par Lloris (103’), Guerreiro trouve la barre sur coup franc (108’) avant le but d’Eder (109’). Un but qui intervient à la suite du coup franc de Guerreiro… sifflé pour une main de Koscielny alors qu’en réalité, c’est Eder qui touche le ballon de la main. Le destin, quoi. Sur le but du Lillois, Koscielny perd son duel et Umtiti ne sort jamais sur le tireur. Deux petites fautes qui ouvrent la fenêtre de tir fatale. Derrière, Deschamps est dans la réaction. Kanté devait initialeme­nt rentrer mais c’est finalement Martial qui est jeté dans la fosse aux lions. Il reste sept minutes, il ne va rien se passer. Le match des Bleus s’est arrêté au poteau de Gignac. Là où celui des Portugais a vraiment commencé.

A PARIS, MATHIEU FAURE

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Photos : EPA/MAXPP et AFP
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