Nice-Matin (Cannes)

Double cible pour Pinot

Après ses déboires des premières journées, le leader de l’équipe FDJ s’est fixé deux nouveaux objectifs : une victoire d’étape et le maillot de meilleur grimpeur

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Il l’a reconnu hier lors d’un point presse tenu à son hôtel pendant la journée de repos en Andorre : « Je n’étais pas confiant en arrivant sur le Tour, j’avais en tête les sensations de ces deux derniers mois. » « Depuis début mai, il n’y a eu que deux jours où je me sentais bien », a précisé Thibaut Pinot, qui porte le maillot du meilleur grimpeur après neuf étapes.

« De la fête à la galère »

Invité à définir le Tour en un seul mot, le champion de France du contre-la-montre a répondu, après une brève hésitation: « Galère. On peut passer de la joie, de la fête à la galère, d’un moment euphorique au désespoir. C’est aussi ce qui fait le charme du Tour. » Est-il à l’aise dans le Tour ? « Cela dépend des jours, a-til répondu. La première semaine, non, je n’étais pas à l’aise. Une fois que les Pyrénées sont là, je me sens bien dans le Tour ». Troisième en 2014, le leader de l’équipe FDJ a expliqué avoir « été obligé de se reconcentr­er sur autre chose que le (classement) général » : « Le problème, ce sont les sensations. Je ne me sens pas capable d’atteindre l’objectif que je m’étais fixé, le top 5. À quoi sert de faire 12e du général, à végéter dans le peloton, ne pas prendre les échappées ? » « J’ai des bons débuts d’étape, il me manque toujours un petit truc pour jouer la victoire d’étape, comme à Arcalis (dimanche). Si j’avais eu ma forme du Tour de Romandie ou d’autres courses, j’aurais pu aller chercher la victoire d’étape » ,a ajouté le Franc-Comtois. « Dans Aspin (vendredi), c’était le moment où j’étais le plus mal. Je ne pouvais pas être plus bas, j’étais à un niveau catastroph­ique. Ces deux derniers jours, je n’étais pas à 100 % mais je n’étais pas mal », a estimé le coureur de Mélisey (HauteSaône), désormais pointé à 15’39’’ du maillot jaune.

« Le Ventoux fait peur »

Pinot s’est projeté sur les deux rendez-vous des prochains jours, le Ventoux jeudi et le contre-la-montre le lendemain : « Le Ventoux est une montée très difficile. Pour moi, la plus dure de France. Elle fait peur à tous les coureurs, elle me fait peur à moi aussi. À cause du paysage, des kilomètres, de la pente, de la chaleur au pied, du vent possible au sommet, c’est un tout. Gagner au Ventoux, ça marque les esprits. » À 26 ans, celui-ci compte deux victoires d’étape dans le Tour, à Porrentruy en 2012 lors de ses débuts et à l’Alpe d’Huez l’année passée. Thibaut Pinot : des sensations en dents de scie... Depuis le début de Tour, l’équipe AGR est sur le devant de la scène grâce à Romain Bardet. Si le Français pointe au sixième rang du général (à ’’ de Chris Froome), c’est aussi parce que son équipe a mis en place un staff médical important (un médecin, un ostéopathe, trois kinés, une psychologu­e et un nutritionn­iste). L’Azuréen Alexandre Poras, qui possède des cabinets à Cannes et Mougins, est « l’ostéo » de la bande à Vincent Lavenu. Il raconte ce travail de l’ombre.

En quoi consiste votre travail pendant une journée de repos ? Notre travail se découpe en quatre parties : un job de fond, d’urgence, de récupérati­on et d’optimisati­on des performanc­es. Sur une journée de repos, la récupérati­on est la plus importante. Comme en mécanique, on essaie de remettre à niveau les organismes.

Y a-t-il des organismes plus touchés que d’autres après dix jours de course ? J’ai récupéré le  juin Bakelants et Pozzovivo qui avaient chuté  jours avant sur leur championna­t national. Il fallait tout remettre en place. Mais sur trois semaines de course, les organismes souffrent beaucoup. Pas uniquement lors des chutes. Les coureurs s’alimentent essentiell­ement de gels pendant l’étape et subissent des changement­s de températur­es importants, comme hier (dimanche), où ils sont passés de  à  degrés. Tout ça est néfaste pour l’estomac. En plus de leur position sur le vélo. Le soir, il y a un travail digestif, où il faut décongesti­onner l’estomac, notamment avec des huiles essentiell­es.

Bardet, votre leader, nécessite plus d’attention ? Oui forcément, on l’encadre au maximum. On est comme ses coéquipier­s sur la route : tout le monde fait en sorte qu’il soit au top de sa forme. Et il l’est, on l’a vu sur les dernières étapes.

Aucun abandon, peu de chutes, vous avez été épargné sur ce début de Tour ? Oui, même si Bakelants a connu une torsion importante au bassin et à la colonne lors de la première semaine, avec une chute devant lui et un freinage violent. Il a davantage dû être manipulé, mais le travail porte ses fruits, parce qu’il a retrouvé ses jambes.

RECUEILLI PAR R. L. 15.00 19.30 20.00 20.30 20.50

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(Photo AFP)

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