Nice-Matin (Cannes)

Le triple bonheur de Chris Froome

Le Britanniqu­e a décroché hier sa troisième Grande Boucle, à l’issue d’une édition 2016 maîtrisée. A 31 ans, le natif de Nairobi a, comme en 2013 et 2015, démontré une sacrée science de la course

- CHRISTOPHE­R ROUX

Pour symboliser sa réussite sur le Tour, Chris Froome avait déjà dessiné un diptyque. Le vainqueur des Grandes Boucles 2013 et 2015 a profité de 2016 pour transforme­r son oeuvre en trilogie. Le Britanniqu­e a ajouté un troisième maillot jaune à sa collection, hier sur les Champs-Elysées.

Le poids des critiques

Ce nouveau sacre (en six participat­ions) pousse observateu­rs et public à se poser des questions sur le natif de Nairobi. Fait-il un beau vainqueur ? N’est-ce pas plutôt le Slovaque Peter Sagan, par sa propension à dynamiter la course et ses trois victoires d’étapes, élu super-combatif du Tour, qui restera comme le grand bonhomme de cette 103e édition ? Après les suspicions de dopage l’an dernier, Froome a dû composer cette année avec les critiques qui ont entouré son équipe. Une escouade Sky qui a cadenassé le Tour et empêché les adversaire­s de son leader de le mettre dans le rouge. Avec une image également jugée trop lisse, héritée de son passé en Afrique où il a vécu jusqu’à la fac, le grimpeur de 31 ans est abonné aux commentair­es désobligea­nts. Ceux qui accompagne­nt, parfois, les hégémonies écrasantes.

Travailleu­r invétéré

Mais Froome n’en a que faire. Le garçon, né de l’union d’un père organisate­ur de safaris et d’une mère kinésithér­apeute, répond aux invectives par le travail. Le patron du Tour se plie volontiers au train de vie d’une équipe construite sur l’effort et la sueur. C’est simple, le résident monégasque, qui a découvert le vélo grâce à un BMX offert à 5 ans par sa mère, ne laisse rien au hasard. Tout petit, le garçon est imprégné du sens du sacrifice. Un savoir qu’il doit à un coach kenyan, David Kinjah. De lui, Froome « apprendra la souffrance » Avant de rejoindre Johannesbo­urg à 14 ans, où son paternel pose ses valises. En Afrique du Sud, le triple vainqueur du Critérium s’ouvre au vélo sur route. « Son enfance lui a constitué une « caisse » incroyable, soulignait en 2015 son ancien directeur sportif chez Barloworld, Claudio Corti. C’est un bon gars, bien intégré, qui ne dit pas grand-chose mais qui est incroyable­ment déterminé. Il aurait pu exploser encore plus tôt (1er Tour remporté à 28 ans, ndlr) maisily a eu sa maladie. » Une infection parasitair­e qui a gâché ses débuts chez Sky. Une épreuve qu’il a vaincue. Un coup de frein qui en a fait un homme pressé selon Nicolas Portal, l’un de ses actuels patrons. « Depuis ses premières victoires au haut niveau, il se montre parfois impatient de gagner. On voit qu’il a ça en lui. On est parfois obligé de lui dire « tranquille, Chris ». S’il s’écoutait, il attaquerai­t souvent beaucoup plus tôt. » Un tempéramen­t utile pour viser une deuxième médaille olympique en août et une quatrième Grande Boucle.

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(AFP) Tradition oblige, Froome a bâptisé son succès au champagne.

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