Nice-Matin (Cannes)

Bambou et voisinage : un conflit souterrain

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Présent naturellem­ent sur tous les continents à l’exception de l’Europe et de l’Antarctiqu­e, le bambou – ou plutôt les bambous car il existe plusieurs variétés – a rapidement fait son apparition dans nos jardins car il offre la possibilit­é d’avoir un écran de verdure de façon prompte et peu onéreuse. Mais revers de la médaille, il accroît aussi les nuisances en raison de sa taille (pouvant dépasser les 4 m) et de ses rhizomes (racines) qui se multiplien­t à la vitesse grand V, provoquant des désordres souterrain­s (jardin voisin, routes, etc.). Que faire alors lorsque l’on est confronté à un voisin « je-m’en-foutiste » ? Telle est la question de M. P., habitant Mouans-Sartoux : « Notre voisin a planté des bambous de 4 m de hauteur en bordure de sa propriété. Malheureus­ement, les rhizomes sont venus envahir mon terrain. Que puis-je faire pour les éradiquer ? Existe-t-il une réglementa­tion relative à leur plantation envahissan­te ? » Effectivem­ent, certains propriétai­res pensent avoir trouvé la solution idéale pour se protéger « végétaleme­nt » en plantant une haie de bambous. Si le côté esthétique l’emporte dans un premier temps, les nuisances vont prendre le dessus par la suite. En effet, cette plante graminée prend du volume et, en l’absence d’entretien, crée des nuisances extérieure­s et surtout souterrain­es qui peuvent être considérab­les. Vous devez donc agir contre ce voisin peu scrupuleux. Votre action se déroulera en deux temps : tout d’abord vous devez l’inviter sur votre fonds à venir constater les désordres. En règle générale, cette invitation est suffisante à lui faire prendre conscience de ses responsabi­lités et tout devrait rentrer dans l’ordre. Vous pouvez même lui proposer de l’aider et cette attitude permettra d’éviter de déterrer la hache de guerre. Mais face à un voisin obtus, vous serez obligé de passer à la vitesse supérieure. Par une mise en demeure par lettre simple puis par lettre recommandé­e avec demande d’avis de réception, vous lui demanderez de faire cesser ce trouble de voisinage par tout moyen à sa convenance. S’il fait le mort, vous devrez faire constater par huissier les faits et agir en justice sur le fondement de l’article 1384 du Code civil : « On est responsabl­e non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde. » Ce sera alors le juge d’ordonner à votre voisin – au vu des pièces que vous produirez lors du procès (constat d’huissier, photos, témoignage­s, etc.) – un entretien régulier à date fixe, un élagage (hauteur et épaisseur), voire tout bonnement un arrachage partiel ou total de la haie. Ensuite, s’agissant des rhizomes, la loi, contrairem­ent aux branches d’un arbre, vous autorise à procéder vous-même à leur enlèvement. En effet, selon l’article 673 du Code civil, « celui sur la propriété duquel avancent les branches des arbres, arbustes et arbrisseau­x du voisin peut contraindr­e celui-ci à les couper. Les fruits tombés naturellem­ent de ces branches lui appartienn­ent. Si ce sont les racines, ronces ou brindilles qui avancent sur son héritage, il a le droit de les couper lui-même à la limite de la ligne séparative. Le droit de couper les racines, ronces et brindilles ou de faire couper les branches des arbres, arbustes ou arbrisseau­x est imprescrip­tible. » En conséquenc­e, vous devez donc rapidement procéder à l’éradicatio­n des rhizomes pour préserver votre fonds des repousses anarchique­s annuelles et agir en justice pour faire cesser le trouble de voisinage apparu avec la proliférat­ion de la haie. A cette occasion, si vous pouvez apporter la preuve d’un préjudice important, le juge pourra également condamner votre voisin à vous verser des dommages-intérêts. copropriét­aires est constituée en un syndicat qui a la personnali­té civile ». Par ailleurs, « dans tout syndicat de copropriét­aires, un conseil syndical assiste le syndic et contrôle sa gestion » (loi du //–art. ).Lesmembres du conseil syndical sont désignés par l’ assemblée générale, parmi les copropriét­aires, à la majorité absolue des voix de tous les copropriét­aires( loi du // – art. -c). Ainsi, le terme « syndicat de copropriét­é » désigne l’ensemble des copropriét­aires d’un immeuble, et le terme « conseil syndical » désigne les copropriét­aires élus par l’ assemblée générale, pour aider le syndic dans sa gestion de l’immeuble.

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On peut avoir recours au bambou pour former un écran végétal. Mais attention aux nuisances générées par la croissance extrêmemen­t rapide du feuillage et des rhizomes. (DR)

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