La réserve des bisons, royaume de la faune sauvage
Safaris à pied, en calèche, hébergement en éco-lodge, traitement des eaux usées par les plantes... La Réserve des Monts d’Azur, à Andon, veille à ce que les 30000 visiteurs respectent Dame Nature
Regard azur, teint hâlé, Patrice Longour a roulé sa bosse en Afrique avant de poser ses valises dans le Var, puis à Thorenc. Il y a dix ans, ce vétérinaire rural, « écologiste depuis 40 ans », fait un pari un peu fou. Réintroduire bisons d’Europe et chevaux Przewalski, dans cette vallée préservée. Y attirer des touristes, sans porter atteinte à l’environnement.
Des espèces menacées d’extinction
« Le bison d’Europe vivait dans la région, il est complètement légitime ici. D’ailleurs, on le trouve représenté dans une grotte à côté de Castellane, mais, il a disparu de France il y a 1000 ans. Le dernier a été tué dans le Jura. Les pratiques agricoles ont repoussé la faune sauvage vers la Pologne, la Biélorussie, la Russie. » Menacé d’extinction il a été sauvé par les Polonais, « en 1921, à partir d’animaux en captivité dans les zoos. » Sauvage, le cheval de Przewalski a bien failli, lui aussi, disparaître. Cet équidé cousin de ceux représentés dans la grotte préhistorique de Lascaux n’a jamais été domestiqué par l’homme. Aux Monts d’Azur, royaume de la faune sauvage, il évolue au côté des bisons.
Safari photo en calèche
Pour aller à la rencontre de ces animaux ancestraux, on grimpe dans l’attelage guidé par Marion Biasotto. « Allez Pirouette, allez Ubac. » Les mulassiers poitevins gravissent la côte. Puis, passé la barrière, cheminent sur la piste caillouteuse. « Regardez ! Les bisons sont autour du point d’eau. Celui qui est dans la mare, est le plus ancien, il fait partie des dix premiers réintroduits ici, il y a dix ans. ». La calèche s’approche du « troupeau » et croise le chemin des chevaux de Przewalski. Majestueux avec leur crinière en brosse. Puis voilà la biche. Pas farouche. Elle se laisse mitrailler par les chasseurs d’image. « Elle sait qu’elle n’est pas en danger ici. » Melina, 5 ans, s’inquiète quand même de la voir s’approcher un peu trop près du bison. Sa mère la rassure. « Ils mangent de l’herbe. » Puis, c’est au tour de deux magnifiques cerfs coiffés de leurs bois d’apparaître devant les objectifs. Un véritable film animalier se déroule sous nos yeux. Une heure et demie plus tard, la calèche quitte le coeur de la réserve pour rentrer au bercail. Le safari photo s’achève. « J’aurais pu, sur cet espace de quatre kilomètres sur deux, aménager des pistes pour ouvrir la réserve aux voitures, fait observer le directeur. Mais ce n’était pas mon choix. » Les véhicules restent dans le parking, à l’entrée. Patrice Longour n’entend pas dévier de sa feuille de route : limiter au maximum l’impact des touristes sur cet espace vert.
Un effet positif sur la biodiversité
Il a aménagé une piscine naturelle dans laquelle il n’utilise aucun produit chimique, mis en place un système de traitement des eaux usées par les plantes. Pour les visiteurs qui souhaitent prolonger leur séjour dans cet eden, une vieille bâtisse a été convertie en chalet bioclimatique et des éco-lodge installés en lisière de Réserve... « On a ainsi économisé 100 tonnes de carbone par an », résume Patrice Longour. Et la création des Monts d’Azur a même eu un effet positif sur la biodiversité. La présence des bisons a dynamisé le milieu. « De sept espèces végétales recensées à notre arrivée, on en est à 42 au dernier inventaire. » Elles s’épanouissent dans la prairie ou paissent les bisons. Ambiance Out of Africa garantie, à une heure de la ville.
SOPHIE CASALS scasals@nicematin.fr