Nice-Matin (Cannes)

Indésirabl­e

Foncia a demandé à Michèle et Carlo Panicali de retirer l’étendard de leur rez-de-jardin, « pour éviter tout débordemen­t ». Le couple refuse. Il a reçu « les excuses » du patron du groupe Foncia

- SOPHIE CASALS scasals@nicematin.fr A noter que Christian Estrosi et Eric Ciotti ont téléphoné hier au président de Foncia pour que le drapeau ne soit pas enlevé. Christian Estrosi a aussi joint M. et Mme Panicali.

A Nice, Michèle et Carlo Panicali ont reçu un courrier de leur syndic leur intimant, « pour éviter tout débordemen­t », d’enlever de leur jardin le drapeau tricolore dressé en hommage aux victimes des attentats.

Michèle Panicali ne sait pas si elle doit en rire ou « pleurer devant la bêtise humaine ». Au bout du petit jardin de la résidence où elle habite, Corniche Bellevue à Nice, la retraitée a planté un drapeau français. « En hommage aux victimes des attentats. » Une initiative qui n’est pas du goût de certains de ses voisins. « Une dame m’a appelée, très vindicativ­e, en exigeant que je l’enlève parce que ça faisait trop franchouil­lard. Elle l’a assimilé à de l’étendage de linge. Évidemment j’ai refusé de le retirer. » Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Mercredi, Michèle et son époux Carlo reçoivent une lettre de leur syndic, Foncia, les sommant d’enlever le drapeau. « Pour éviter tout débordemen­t. » Elle décide de ne pas se laisser faire.

« Pour honorer la mémoire des victimes »

Dès jeudi, elle poste le courrier sur Facebook et enflamme les réseaux sociaux. Les messages de soutien affluent. « Il y a eu 86 personnes tuées sur la promenade des Anglais, et il y en a encore 15 hospitalis­ées dans un état grave, poursuit la retraitée. On ne peut pas oublier. C’est notre façon d’honorer la mémoire des victimes. On ne retirera pas le drapeau. » Elle l’avait mis avant la finale de l’Euro 2016. « On n’est pas très foot avec mon mari, mais nous avons des amis à Nice qui avaient été bénévoles pour l’Euro, alors on a pavoisé. Puis, on l’a accroché le 14 juillet, pour la Fête Nationale. » Au lendemain du drame du 14-Juillet, elle a laissé l’étendard, alors chargé d’une tout autre dimension symbolique et émotionnel­le. Parisiens en résidence secondaire à Nice, Carlo et Michèle ont fait « comme après l’attentat du Bataclan. Le 13 novembre dernier, on avait accroché le drapeau sur le balcon de notre appartemen­t du 3e arrondisse­ment. Sans que ça ne pose aucun problème d’ailleurs. » Le 14-Juillet dernier le couple a failli descendre sur la Prom’. « On aime bien voir le feu d’artifice, mais, comme notre partie de pétanque entre amis a fini tard, on est restés là. » Marquée par l’attentat, Michèle n’a toujours pas trouvé le courage de redescendr­e sur la promenade des Anglais. « Je n’y arrive pas encore, ça prendra du temps. J’évite les lieux où il y a de la foule. » De sa terrasse avec vue mer, elle embrasse l’horizon, puis s’arrête sur le drapeau planté sous le palmier. « C’est beau quand il flotte au vent comme ça. » Elle esquisse un sourire. Son époux enchaîne: «Labêtise humaine a toujours existé, mais il ne faut pas la relayer. Mon souhait c’est que les syndics ne fassent plus ce type d’erreur. » En février dernier déjà, une affaire similaire avait fait le buzz à Cagnessur-Mer (lire ci-dessous).

Le groupe Foncia présente ses excuses

Hier, en début d’après-midi, le président du groupe Foncia s’est désolidari­sé de ce « courrier malheureux. On est totalement en désaccord avec ce qui s’est passé en local à Nice. Je vais appeler personnell­ement les copropriét­aires pour leur présenter nos excuses. » Et François Davy, de poursuivre: « On va rectifier le tir. Ils pourront conserver le drapeau dans le jardin. Certes, même sur les parties privatives, il y a des choses qu’on a le droit de faire ou pas. Le règlement stipule qu’on ne peut laisser d’objets personnels. Mais là, il aurait évidemment fallu faire la part des choses, un drapeau ce n’est pas un objet comme les autres. »

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 ?? (Photo Franck Fernandes) ?? Michèle Panicali a reçu la missive mercredi et elle l’a postée dès le lendemain sur les réseaux sociaux.
(Photo Franck Fernandes) Michèle Panicali a reçu la missive mercredi et elle l’a postée dès le lendemain sur les réseaux sociaux.

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