Nice-Matin (Cannes)

Des fleurs pour le jeune migrant retrouvé mort

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

C’est dans un espace représenta­tif de la Méditerran­ée, facilement accessible depuis Nice et l’Italie, que plusieurs dizaines de personnes se sont réunies, hier, à Menton. Boulevard de Garavan, au milieu des oliviers, symbole de la paix. Pour rendre hommage au jeune migrant retrouvé mort sous le viaduc de Sainte-Agnès, dans la nuit du 5 septembre. Le mot d’ordre relayé par les associatio­ns ADN (Associatio­n pour la démocratie à Nice) et Amnesty était simple : venez avec « une fleur, un texte, une pensée » .En vue de partager un moment de deuil.

« Un deuil, pas de la provocatio­n »

« Cet hommage, c’est un réflexe de peine. De révolte face à la mort d’un jeune homme qui a dû traverser des choses épouvantab­les, commente Martine Landry, bénévole chez Amnesty. Comment cela peut-il arriver chez nous ? » Elle explique que la petite route allant vers Sainte-Agnès coupe près de six fois l’autoroute. Sur lequel le mineur, fuyant la police, devait se trouver. « Il a dû s’affoler. Il ne se rendait sûrement pas compte de la hauteur… » Elle estime pourtant qu’une telle manifestat­ion ne pouvait décemment se dérouler en gare de Garavan. « Ce n’est pas de la provocatio­n, pas contre les policiers.» Alors que la majorité des participan­ts dépose en silence, au pied de l’olivier central, des fleurs de toutes les couleurs, Enzo, venu d’Italie, a apporté un texte. « Il n’est pas de moi mais d’un ami qui a écrit des pièces sur l’immigratio­n.» Enzo assure que dans son pays, personne n’était au courant de l’incident. C’est lui qui a relayé l’informatio­n après l’avoir apprise par les associatio­ns françaises. « Tout le monde est très inquiet à Vintimille. On nous avait annoncé que ça allait se calmer, mais ça ne semble pas près de s’arrêter.» Étudiante au campus Moyen-Orient de Sciences Po, à Menton, Seetha Tan tenait également à être présente. « Je suis passionnée par ce débat, dit l’Australien­ne. Il y a eu beaucoup de problèmes avec la politique migratoire dans mon pays. Les camps de rétention pour réfugiés sont très controvers­és. On ne sait pas vraiment ce qu’il s’est passé. » Alors que, rappelle-t-elle, son État s’est construit grâce aux immigrés. Pour elle, le « mélange» est une belle chose. « Tout le monde a quelque chose à gagner avec le multicultu­ralisme» affirme-t-elle. Un peu déçue, elle l’admet, par l’Europe. « Je l’imaginais plus ouverte…»

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Hier à Menton, plusieurs dizaines de personnes sont venues, comme cette petite fille, déposer des fleurs en hommage au jeune migrant retrouvé mort sous le pont de l’autoroute. (Photo Jean-François Ottonello)

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