Nice-Matin (Cannes)

Trop de politique tue la politique

- Par MICHÈLE COTTA

Les amateurs d’émissions politiques à la télévision ne savent plus où donner de la tête en cette rentrée. La surenchère des multiples chaînes, radios et télés confondues, est telle qu’on y perd son latin. A titre d’exemple, dans la seule journée d’hier, dimanche, François Fillon, invité d’Europe et d’iTélé, a ouvert le tir dans la matinée à dix heures. Bruno Le Maire qui lançait sa campagne à la primaire à Sète s’est adressé en direct à ses troupes une heure plus tard sur la même chaîne télé, au moment où se déroulait, à RTL, le « Grand Jury » avec Michel Sapin, où France Inter diffusait une interview du candidat à la primaire écologiste, Yannick Jadot, où, enfin, Jean-François Copé répondait aux questions d’Apolline de Malherbe sur BFMTV. Sans compter le discours de rentrée politique de Marine Le Pen, repris en images tout au long de la journée. Et la nouvelle interventi­on au journal télévisé de TFI à  heures de Bruno Le Maire. Même explosion du nombre des émissions politiques dans la semaine: nouvelle émission sur France  cette semaine avec Nicolas Sarkozy, reprise de « Vie politique » avec Marine Le Pen sur TF. L’embouteill­age, si on peut dire, est tel que la nouvelle émission de Laurence Ferrari sur iTélé, Punchline, a du être déprogramm­ée cette semaine, l’animatrice s’étant fait en quelque sorte « souffler » Arnaud Montebourg par France . Deux raisons à cette multiplica­tion des rendezvous politiques. D’abord l’augmentati­on du nombre de chaînes de télévision numériques, d’informatio­n en continu ou généralist­es qui revendique­nt leur place à égalité avec les télévision­s dites « historique­s », TF, France  et France . En additionna­nt ces chaînes avec les différente­s radios, c’est une vingtaine d’hommes et de femmes politiques qui, chaque jour, se succèdent sur les différente­s antennes. Ensuite, la profusion des primaires: celle de la droite, avec ses huit candidats homologués, celle de la gauche, plus floue, avec un nombre de candidats encore indécis, parmi lesquels Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Sans compter celle d’Europe Ecologie les Verts, où quatre prétendant­s ont rempli les conditions requises pour leur candidatur­e, Cécile Duflot et Yannick Jadot en tête, pour le moment, du quatuor. Autant de participan­ts, autant d’interviews, autant de rendez-vous multipliés. Alors, trop de politique tue la politique? Les téléspecta­teurs se bousculero­nt-ils pour écouter ces multiples interlocut­eurs ou bien, éprouveron­tils, tout au long de cette année d’élection présidenti­elle, comme une lassitude? Le risque est en effet, qu’à force de répéter leurs arguments sur les différents médias, les chefs de file des mouvements politiques finissent par rebuter les téléspecta­teurs, qui sont aussi des électeurs. Il faudra, aux leaders finalement retenus pour le sprint final, en avril-mai prochain, beaucoup d’imaginatio­n, et un grand souci de renouvelle­ment, pour parvenir, d’une part à capter encore l’attention des « aficionado­s» de la politique, et d’autre part, pour ne pas décourager les autres.

« Les téléspecta­teurs éprouveron­t-ils, tout au long de cette année d’élection présidenti­elle, comme une lassitude? »

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