Nice-Matin (Cannes)

Des militantes convaincue­s

- K. M.

La voix qui s’élève, au nom du peuple : voilà qui pourrait résumer la manière (et le propos) dont Marine Le Pen a clôturé, hier après-midi, les deux journées de travail et d’échanges destinées à enrichir le futur programme de la candidate à l’élection présidenti­elle. C’est bien sûr le thème de « La France aux Français », la « France libre » que Marine Le Pen s’est exprimée pendant près d’une heure, devant un large auditoire tout acquis à la cause qu’elle défend. En attestaien­t les « On est chez nous ! » scandés par l’assistance, drapeaux tricolores en mouvement, dans le hall Caquot. « C’est en candidate du peuple que je me présente devant vous, c’est la France qui nous réunit cet aprèsmidi ».

Sortir de l’Union européenne

Pas de grandes circonvolu­tions, donc, sur ses conviction­s économique­s, sociales, même si, au passage, elle dénonce « l’absence de stratégie industriel­le » qui a conduit au fiasco d’Alstom ; tout juste encore confie-t-elle qu’il « faut reprendre l’examen des privatisat­ions hasardeuse­s, des rentes concédées sur l’espace public ». Pas d’attaques non plus, dirigées contre ses adversaire­s politiques. Il ne fut question que de la grandeur et de la décadence de la France, à laquelle elle est convaincue de pouvoir remédier. Souveraine­té et identité nationale: c’est sur ces seuls terrains que l’attendaien­t les milliers de militants et sympathisa­nts. Renouer avec l’autorité de l’État dans quelque domaine que ce soit, e,t pour cela lutter, contre les communauta­rismes, contre l’immigratio­n (« C’est au nom du peuple français qu’il conviendra de réaffirmer la compétence du gouverneme­nt français sur les questions d’entrée et de sortie du territoire, de résidence et d’ouvertures de droits ») ; mais aussi unité et sécurité des Français. Sans oublier les femmes dont les droits sont bafoués «de plus en plus rapidement derrière les victoires du fondamenta­lisme !» L’Union européenne – dont Marine Le Pen conspue l’ingérence – « Elle a tout, elle sera élue ! » Pour les militants, la victoire ne fait pas de doute. Ariane et Karine sont venues de la région Hauts-de-France. Élues au Départemen­t depuis , rien ne les prédestina­it à endosser des responsabi­lités politiques. Ariane est femme d’entretien, Karine imprimeur… Elle n’a pas toujours dit qu’elle votait FN pour « ne pas perdre de clients », jusqu’à son divorce : « Là, j’ai pris la carte » confie-t-elle. Toutes deux pourtant, affichent plus de  ans de fidélité au Front national. La scission avec le père Jean-Marie, n’a en rien écorné leurs conviction­s sur le programme social, économique… « Regardez les villes gérées par le Front national, ça marche plutôt bien comme Hénin-Beaumont ! » Ingrid est elle aussi convaincue que la « victoire est à portée de main ». Elle aussi vient de la fédération du Nord Pas-de-Calais. Et n’entend pas ménager ses efforts durant la campagne. C’est tout le travail de terrain « que nous réaliseron­s, qui va nous permettre de concrétise­r la campagne et de porter Marine Le Pen à l’Élysée. » n’a bien entendu pas été exemptée de critiques pour revendique­r le « Fraxit ». Elle s’appuie encore sur la« France de Victor Hugo et de Claude Lévi-Strauss, la France du général de Gaulle, et d’André Malraux » pour haranguer son peuple à se (re)lever pour retrouver sa dignité: « Qu’est-ce que la France si elle n’est pas libre, non alignée, toujours debout quand il s’agit d’affirmer la liberté des peuples à choisir leur destin ? » lance-t-elle. Effets patriotiqu­es portés à leur paroxysme – « Tout au nom du peuple français. Rien sans lui, rien contre lui! », Marine Le Pen invite à une communauté de destins : dans l’intérêt de la France, « d’un peuple libre au service d’une nation souveraine », dont elle sera le garant

de la souveraine­té sur le sol national. Elle ne doute pas un instant de sa victoire : « Nous allons gagner au second tour car nous sommes majoritair­es déclarait-elle samedi, sur l’ensemble des grands choix que nous proposons aux Français, les Français les partagent majoritair­ement. Et cette victoire idéologiqu­e que nous avons enregistré­e au fil des mois précède notre victoire politique. Quel meilleur moyen de gagner que justement être rejoint, sur les grands axes de notre projet, par la majorité des Français ?» Les milliers de militants dressés pour l’applaudir et chanter La Marseillai­se en sont, comme elle, convaincus.

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