Nice-Matin (Cannes)

AS MONACO Falcao enfin de retour au premier plan ?

- MATHIEU FAURE

25 mois. C’est le temps qu’il aura fallu à Radamel Falcao pour retrouver le chemin des filets en Ligue 1 mais aussi pour de nouveau débuter un match en France, tout court. Entre Nantes, en août 2014, et Monaco, samedi soir, Falcao a perdu deux ans. Deux années de blessures, de doutes, de prêts ratés (Manchester United et Chelsea), de changement­s de coupe de cheveux, de passage à la dizaine supérieure au niveau de l’âge. Aujourd’hui, Falcao a 30 ans, joue à Monaco - un peu par défaut - mais n’a rien perdu de ce qui faisait de lui un crack lors de son arrivée en 2013 : l’instinct du buteur. Contre Rennes, le garçon a raté son match dans le jeu mais a fait l’essentiel et le plus dur, ouvrir le score. Tel un renard. Falcao vit pour et par le but.

Physiqueme­nt, ça coince

Gravement blessé au genou en janvier 2014, le «Tigre» n’a pas encore retrouvé son peps ni son coffre deux ans après sa grave blessure. Redeviendr­a-t-il un jour le merveilleu­x numéro 9 de l’Atlético Madrid ? Difficile à dire. Physiqueme­nt, l’homme est esquinté. « A Manchester, il terminait tous les entraîneme­nts en boitant. Tous », se souvient un habitué de Carrington. Pas grave, le Colombien a un allié de poids, le destin. Car la vie de Radamel Falcao est une revanche permanente, en partie héritée de la ténacité de son père. Le pater, c’est Radamel Enrique Garcia King. Lui aussi est footballeu­r. Moins doué que son gamin, il joue en défense dans des taules obscures de Colombie quand son fils vient au monde en janvier 1986. «Falcao» est nommé ainsi en hommage au Brésilien, star des 80’s. Dès le départ, le jeune garçon est destiné à faire carrière. Et son père a une idée claire et précise, que son fils réussisse là où lui a échoué. « Ce que je voulais le plus au monde, c’était que mon fils devienne une star et que son nom soit en haut de l’affiche. J’étais obsédé par cette idée-là », lâche-t-il en 2011 quand son fils débarque à l’Atlético Madrid pour 40 millions d’euros. Et dire que le Monégasque aurait pu faire carrière dans.. le base-ball. Alors que son père fait une pige au Venezuela, Falcao se met au baseball, le sport national du coin. Il est même très bon, notamment, en troisième base. L’histoire rentrera dans l’ordre quand le père retournera à Bogota avec femme et enfants.

Attaquant ? Une idée de son père

Le football revient au centre du monde. Radamel senior a même une idée du poste idoine pour son rejeton : « Mon fils, tu dis être attaquant parce que ce sont eux qui gagnent le plus d’argent. Les Pierrafeu comme ton père, on ne leur donne rien ». A 14 ans, le destin va faire le reste, Falcao file en Argentine, à River Plate. Son premier agent ? Nestor Sivori, le fils d’Omar la légende de la Juventus, Ballor d’Or 1961. A son premier entraîneme­nt avec River, à 15 ans, il marque un but et le fête comme une finale de Ligue des Champions. Cavenaghi le rattrape le sermonne dans la foulée. Sa seule sortie de route. Loin de la tutelle envahissan­te de son père, il bosse, valide ses diplômes et devient une machine à marquer. C’est là aussi qu’il développe sa seule addiction : sa boulimie de fringues. L’attaquant, très croyant, y rencontre aussi sa future femme, Lorelei. Sa demande en mariage ? Devant les chutes d’Iguazu, la bague est cachée dans une rose. Ils célébreron­t leurs noces au Disney World d’Orlando. Entre eux, un lien divin : Dieu. Le couple est évangéliqu­e. Le début de sa folle ascension : Porto pour 5,5 millions, Madrid pour 40, puis Monaco pour 60. Sur le Rocher, il devait tout casser. Trois ans après son arrivée, son genou est la seule chose de cassée. Mais au club, on croit encore en la résurrecti­on du Colombien. Et pourquoi pas ?

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(Photo Jean-François Ottonello) Falcao, le tigre est en lui.

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