Nice-Matin (Cannes)

Tombe en indivision : la perpétuité s’applique

- animé par Pierre DEJOANNIS

La transmissi­on d’une concession funéraire révèle de nombreuses particular­ités, notamment en raison de son caractère familial. (1) Ainsi toute cession à titre onéreux est prohibée. Une sépulture est considérée comme hors du commerce au sens du nouvel article 1162 du Code civil : « Le contrat ne peut déroger à l’ordre public ni par ses stipulatio­ns, ni par son but, que ce dernier ait été connu ou non par toutes les parties. » Le Code civil Dalloz, à la page 1289, souligne que « les tombeaux et le sol sur lequel ils sont élevés, que ce soit en cimetière public ou dans un cimetière privé, sont en dehors des règles du droit de la propriété et la libre dispositio­n des biens, et ne peuvent être considérés comme ayant une valeur appréciabl­e en argent » (civ. 11 avr. 1938 : DH 1938. 321). « Le droit d’usage du monument, incorporé au droit du concession­naire, est, comme ce droit, hors du commerce et ne peut donc être acquis pas prescripti­on. » (2) Mais quid de la dévolution successora­le, lorsque le concession­naire meurt sans laisser de testament ? Telle est la question de Mme G.R. habitant Nice : « Nous sommes cinq cousins et venons d’apprendre qu’un autre de nos cousins, célibatair­e et sans enfant, décédé il y a environ dix ans, avait acheté une concession funéraire à perpétuité qui est vide. Contrairem­ent à ses autres biens, celle-ci ne figurait pas dans son testament. Pouvons-nous y prétendre ? » En l’absence de dispositio­n testamenta­ire du dernier titulaire initial d’une concession funéraire, celleci est transmise aux héritiers des héritiers (frères, soeurs et cousins). La règle de l’indivision perpétuell­e, contrairem­ent aux règles générales de la dévolution successora­le, s’applique. Ce qui veut dire que l’article 815 du Code civil – « Nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision et le partage peut toujours être provoqué [...] » – n’est, en effet, pas applicable aux concession­s funéraires. Vous et vos cousins possédez donc des droits égaux sur cette concession funéraire. Chacun devra participer à l’entretien de la tombe et pourra enterrer sa famille. Vu le nombre de cousins que vous êtes, le nombre de places sera forcément limité même si la tombe est vide actuelleme­nt. Sont admis à être inhumés dans la concession, les héritiers par le sang ainsi que les conjoints de ces héritiers (rép. min. n° 46115, JOAN, 8 juin 1992, p. 2595). Mais, en pratique, il y aura une partie des indivisair­es inhumée dans la concession et une autre non, dans l’ordre des décès. Sachez aussi que l’un des indivisair­es peut renoncer à ses droits au profit des autres (Cass. 1re civ., 17 mai 1992, p. 2595). Dernière précision : l’inhumation d’une tierce personne, c’est-à-dire n’appartenan­t pas à la famille, devra recueillir l’assentimen­t de tous.

1.« Le Régime juridique des concession­s funéraires », Territoria­l Editions, p. 55. 2. Toutes les jurisprude­nces sont mentionnée­s au bas de la page 1289 du Code civil 2017.

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(Photo AFP) Une concession funéraire ne peut se vendre et la règle de l’indivision perpétuell­e s’applique au décès du dernier titulaire initial.
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