Nice-Matin (Cannes)

Nato : « A fond jusqu’au bout »

Vainqueur à Monza après avoir enchaîné maintes contrariét­és et vu le titre qu’il visait s’éloigner, l’Antibois veut finir sa seconde saison dans l’antichambr­e de la F1 en trombe

- RECUEILLI PAR GIL LÉON gleon@nicematin.fr

Un départ en fanfare dans l’arène de Barcelone. Façon matador. Première course, première victoire. Il y a quatre mois, à l’aube de sa seconde campagne en GP Series, Norman Nato avait légitimé d’entrée son statut de prétendant au titre. Monté tout de suite dans le wagon de tête, l’Antibois de  ans visait plus que jamais la succession de Stoffel Vandoorne - son premier adversaire en F - au palmarès de l’antichambr­e de la Formule . C’était sans compter sur un parcours en dents de scie marqué par un manque flagrant de réussite, de Monaco à Monza où le pilote de l’équipe espagnole Racing Engineerin­g a enfin renoué avec le succès en s’adjugeant haut la main la course . Si seul un miracle peut désormais lui permettre de coiffer la couronne, l’ambassadeu­r de l’ASA Grasse reste déterminé à étoffer son tableau de chasse lors des deux escales lointaines (Malaisie et Abu Dhabi) qui se profilent droit devant. Remonté à bloc !

Norman, cette deuxième victoire , l’avez-vous prénommée Désirée?

C’est vrai qu’on pourrait l’appeler ainsi, car je l’attendais depuis un certain temps. Compte tenu du niveau de performanc­es affiché durant les étapes précédente­s, elle aurait dû arriver un peu plus tôt. Hélas, plusieurs événements malheureux se sont enchaînés lors des courses . À Hockenheim, un adversaire me rentre dedans alors que le podium est à ma portée. Autre motif, même punition à Spa où je me bagarre pour la e place quand une vis qui traîne sur la piste perfore mon radiateur. En GP, vous connaissez la règle du jeu : si la C se passe mal, avec un abandon à la clé, le week-end est ruiné.

À Monza, le top  vous tend aussi les bras le samedi après-midi, mais l’interventi­on de la voiture de sécurité vous pénalise. Pourquoi?

Après un bon début de course depuis la e place de la grille, j’étais e derrière Pierre Gasly. Super rythme! D’ailleurs, peut-être que j’aurais pu jouer la gagne en fin d’épreuve. Mais le « safety car » est entré en piste au mauvais moment et il nous a bloqué trop longtemps. De quoi avantager trois autres concurrent­s qui avaient une stratégie pneus décalée. Résultat : Gasly termine P et moi P... Cette année, à Monaco, une neutralisa­tion vous avait déjà coûté cher... Oui, en Principaut­é, je menais la course avant de finir e, mais le contexte était différent puisqu’il s’agissait d’un VSC (« virtual safety car », une procédure signalée par les drapeaux jaunes, sans présence de la voiture de sécurité en piste, ndlr). Le vainqueur (le Russe Artem Markelov) avait su en profiter avec une réussite maximale, contrairem­ent à moi. Du côté de Monza, en revanche, l’erreur s’avère manifeste, même s’ils ne l’ont pas vraiment reconnue.

Le lendemain, la clé de la réussite, ce fut votre

excellent départ, non?

Pas seulement. D’accord, j’ai réussi à prendre la tête dans le premier virage après m’être élancé de la e place (grille inversée), mais il restait ensuite tours à boucler. Sur ce genre de circuit où l’on peut dépasser assez facilement grâce au DRS et à l’aspiration, encore fallait-il savoir se mettre à l’abri de toute attaque. Une fois le petit écart essentiel creusé par rapport à mon coéquipier (Jordan King), j’ai pu gérer la dégradatio­n des pneus plus sereinemen­t... en craignant tout de même un nouveau coup du sort, panne ou neutralisa­tion. Gagner à la régulière devant des gars comme Gasly et Giovinazzi, le leader du championna­t et son premier poursuivan­t, ça fait plaisir. Oui, je suis content d’être enfin parvenu à convertir notre potentiel en résultat.

Quel sentiment prédomine aujourd’hui? La frustratio­n?

Absolument. On ne peut pas parler de déception parce que la performanc­e est là. Hélas, trois abandons dont je ne suis pas responsabl­e plombent ma feuille de route. À quatre courses de la fin, j’occupe la e place de la hiérarchie provisoire, pas si loin de la e position, alors que je devrais figurer plus haut, me battre pour devenir champion, l’objectif initial. Vos espoirs de titre, ils se sont envolés quand? Attention, ils ne sont pas complèteme­nt partis ! Une petite chance mathématiq­ue existe encore. Bien sûr, ça paraît très compliqué. Je suis réaliste. Le tournant, on peut sans doute le situer à Spa. Avant, en Allemagne, ceux qui me précèdent n’ayant pas marqué beaucoup de points, j’avais manqué l’occasion de combler une partie de mon retard. En Belgique, en revanche, l’abandon du samedi agit comme un coup de massue car les autres font le plein et le trou augmente alors de manière quasi irréversib­le.

Quel est l’objectif, maintenant ?

Quoiqu’il arrive, je garde le même état d’esprit. Chaque étape est abordée avec une seule et unique cible en tête: la victoire. Pour la suite, je dois montrer de quoi je suis capable. Donc ce sera à fond jusqu’au bout.

Vous avez hâte de découvrir Sepang?

Ah oui ! Je ne connais pas la Malaisie puisque le GP ne s’y est pas rendu depuis . Cette année-là, l’équipe Racing Engineerin­g avait d’ailleurs remporté la C, là-bas (grâce au pilote suisse Fabio Leimer). Comme toujours, sur ce circuit, la chaleur constituer­a un paramètre important. Je viens d’effectuer un gros entraîneme­nt physique à Paris dans cette perspectiv­e. Maintenant, je rejoins le team en Espagne pour bosser au simulateur et parler des réglages afin d’arriver là-bas avec le meilleur équilibre possible.

Et quid de ?

On y pense! Moi, idéalement, j’aimerais conclure  par un test en F. Mes managers s’en occupent. Ils sondent également d’autres pistes, en Europe et au-delà. IndyCar, Japon, Endurance... Pour devenir pilote profession­nel, mon ambition numéro , il y a plusieurs chemins.

 ??  ?? Norman Nato : « Je suis content d’être enfin parvenu à convertir notre potentiel en résultat. Gagner à la régulière devant des gars comme Gasly ou Giovinazzi, ça fait plaisir. » (Photo Sam Bloxham/GP)
Norman Nato : « Je suis content d’être enfin parvenu à convertir notre potentiel en résultat. Gagner à la régulière devant des gars comme Gasly ou Giovinazzi, ça fait plaisir. » (Photo Sam Bloxham/GP)

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