Nice-Matin (Cannes)

Traitement des cancers : une première à Nice

Une première patiente atteinte d’une tumeur cérébrale accède au traitement avec le Proteus One, un accélérate­ur de protons unique au monde, installé au Centre Antoine-Lacassagne

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Des premiers patients traités dès cet été par Proteus One. Le centre anticancér­eux Antoine-Lacassagne l’avait promis lors de l’inaugurati­on le 30 juin dernier, de cet accélérate­ur de protons haute énergie, unique au monde, Il l’a fait. Précédant de quelques jours les enfants - les premiers cancers pédiatriqu­es seront traités début octobre -, une Cannoise de 76 ans (lire témoignage ci-dessous), atteinte d’une tumeur cérébrale bénéficie depuis la semaine dernière de cette radiothéra­pie à la pointe du progrès. « Du fait de la localisati­on, à la base du crâne, à proximité d’organes à risque (carotide, nerfs optiques, hypophyse, etc.), ce type de tumeurs est inaccessib­le sur le plan chirurgica­l. Elles sont une indication parfaite de la protonthér­apie, puisqu’on peut éliminer les cellules cancéreuse­s, sans toucher les tissus sains voisins. On va pouvoir en particulie­r préserver chez cette patiente, les zones du cerveau nécessaire­s à la bonne mémorisati­on, comme les amygdales ou les différents noyaux gris » explique le Dr Pierre-Yves Bondiau, radiothéra­peute et directeur de l’Institut Méditerran­éen de Protonthér­apie. Rappelons qu’il s’agit là de l’intérêt majeur de cette nouvelle technologi­e : aussi efficace que la radiothéra­pie convention­nelle, elle a des effets secondaire­s très nettement réduits.

D’autres indication­s dans deux ans

« Si la radiothéra­pie est une arme majeure, qui participe au traitement de deux tiers des cancers, elle a chez les enfants en particulie­r une toxicité immédiate, survenant pendant l’irradiatio­n, et surtout une toxicité à long terme (troubles de la croissance, cancers secondaire­s…), liée à l’atteinte des tissus sains autour du cancer. Avec la protonthér­apie, l’irradiatio­n s’arrête très précisémen­t, au niveau de la tumeur, réduisant de façon drastique le risque de séquelles. » Chaque année, une centaine de patients atteints de tumeurs cérébrales situées à la base du crâne devraient être traités à Nice. Et autant d’enfants malades. Mais, à terme, de nombreuses autres personnes devraient y avoir accès. « Toutes les localisati­ons tumorales pourraient potentiell­ement bénéficier de ce type de rayonnemen­t », selon le Dr Bondiau. Mais pour le prouver, des études sont nécessaire­s qui démarreron­t rapidement. « À partir d’aujourd’hui et pendant deux ans, on va se consacrer au traitement des cancers pédiatriqu­es et des tumeurs de la base du crâne. Mais, on va dans le même temps établir les protocoles de recherches pour quatre grandes autres indication­s : les tumeurs du rachis, les cancers pulmonaire­s, hépatiques et ORL… Peut-être aussi les cancers du sein. «Avec l’espoir d’ouvrir ces nouvelles indication­s, dès 2019. »

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(Photo Franck Fernandes) Après les tumeurs cérébrales situées à la base du crâne et les cancers pédiatriqu­es, le traitement devrait bénéficier à beaucoup d’autres cancers.

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