Bébé secoué à Nice : le déni d’un père trop nerveux
Paniqués, ses parents avaient appelé les pompiers. Michel (1), un nourrisson d’un mois et demi, avait alors été admis à l’hôpital Lenval le 7 février 2015. Quatre jours plus tard, les médecins alertaient la justice. Deux hématomes intracrâniens et des hémorragies rétiniennes étaient, selon eux, les preuves d’un bébé secoué. Muslan, Russe de 35 ans, en attente d’un statut de réfugié, est resté presque trois mois en détention provisoire. Le couple, qui élève un fils plus âgé, est privé du petit Michel depuis les faits. Il a été placé en pouponnière il y a bientôt deux ans. Son développement psychomoteur paraît satisfaisant selon l’association Acte Pelican, administrateur ad hoc représentée par Me Marafico. Devant la brigade des mineurs de la Sûreté départementale, Muslan a admis un geste d’énervement. Le petit pleurait, le tramway était bondé. le père n’arrivait pas à calmer le nourrisson, vivait mal les regards lourds de reproches des passagers. Au domicile, les pleurs ont perduré.
Revirement
Contre toute attente, lors du procès lundi, les parents réfutent tout geste de violence. « Je l’ai bercé normalement», explique le père. La présidente Laurie Duca lui demande de mimer la scène avec un code pénal dans le bras ! Les parents mettent en cause le gynécologue. Mais trois experts ont abouti aux mêmes conclusions : « un secouement isolé mais extrêmement violent». L’avocat de Muslan, Me Traversini, ne fait pas mystère qu’elle plaidera la relaxe ce qui lui attire le courroux de la présidente et de la procureure Sylvie Canovas. « On voit qu’il y a de l’amour sur ces photos, insiste Laurie Duca. Le logement modeste est très bien tenu. Les gestes de la mère avec ses enfants sont décrits comme adaptés. A priori c’est un geste isolé, d’énervement. Si quelqu’un veut que Michel rentre à la maison, parce que sa place est à la maison, il va falloir donner des explications.» Mais Muslan n’en démord pas. Une interruption d’audience n’y changera rien. Il n’est pas, affirme-t-il via l’interprète, l’auteur de violences sur son fils. «Il y avait un pas en avant à la fin de l’information judiciaire. Aujourd’hui, ce sont dix pas en arrière», soupire la procureure Canovas qui requiert 18 mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve. Le tribunal a prononcé, lundi soir, une peine d’un an d’emprisonnement dont neuf mois avec sursis. Le dossier reste suivi par un juge des enfants. Michel reste privé, jusqu’à nouvel ordre, de ses parents.