Nice-Matin (Cannes)

L’accusé dit qu’il ignorait avoir percuté un gendarme

En appel devant la cour d’assises du Var, Alexandre Baudry continue à présenter le drame de La Grave de Peille comme un acte involontai­re. Il avait pourtant donné des détails à ses amis

- G. D.

Alexandre Baudry savait-il que l’homme qui se trouvait au milieu de la route, le 17 octobre 2012 à 14 h 35 à La Grave de Peille, était un gendarme en civil ? Cette question a occupé la troisième journée de débats hier devant la cour d’assises du Var, qui rejuge l’accusé en appel d’une condamnati­on à trente ans de réclusion, pour le meurtre du major Daniel Briere. Alexandre Baudry affirme, depuis le début de ce procès, qu’il ignorait la qualité de l’homme qui pointait un pistolet dans sa direction, alors qu’il rejoignait Nice au volant de la voiture qu’il avait volée la veille à L’Escarène. Les confidence­s, que cinq de ses amis ont dit avoir recueillie­s de sa bouche, moins de deux heures après les faits, semblent indiquer le contraire. Certaines ambiguïtés sont apparues à la barre. Mais tous ont été unanimes sur une conviction, leur ami n’avait pas volontaire­ment donné la mort.

Aveu à chaud

Trois de ces témoins avaient cherché Alexandre Baudry, qui n’était pas venu au rendez-vous qu’ils s’étaient fixé à Nice. Ils avaient pris la route de son domicile à La Grave de Peille, mais avaient été bloqués par le barrage de gendarmeri­e mis en place sur les lieux du drame. Ils l’avaient alors appelé sur son portable, et ils l’avaient rejoint à Borgheas. C’est là qu’il leur avait dit : « Qu’il avait foncé sur un flic en civil qui le braquait avec son arme. Il avait évité une balle qui était venue se loger dans l’appui-tête. Il avait baissé la tête et accéléré en direction du gendarme et qu’il ne s’était pas arrêté.» Les expertises ont montré qu’aucun coup de feu n’avait été tiré, ni par le major Briere, ni par son équipier l’adjudant Sébastien Moreau. Aucun impact de balle dans l’appui-tête, aucun résidu de tir sur leurs mains, et toutes les cartouches de leurs pistolets ont été retrouvées intactes.

La thèse d’un malentendu

Joey Delaisse, qui faisait partie du trio qui a recueilli ces confidence­s à chaud, a répété à l’audience la même précision qu’il avait apportée lors du premier procès à Nice. « Il ne savait pas que c’était un gendarme, c’est moi qui le lui ai dit. « J’étais sur le barrage de l’accident. Les gens qui étaient autour nous ont dit que c’était un gendarme qui s’était fait renverser. Je lui ai demandé après : “Est-ce que c’est toi qui as tué le gendarme avec la Mini ? ” Et il m’a répondu que c’était lui qui avait renversé le gendarme. » Pour Joey Delaisse, ce qui pouvait apparaître comme un aveu spontané de l’accusé, résultait d’un malentendu, parce qu’il n’avait pas été assez précis dans ses déclaratio­ns en garde à vue. La cour entendra aujourd’hui l’expert en accidentol­ogie qui a participé à la reconstitu­tion.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin et photo DR) Alexandre Baudry continue à dire qu’il n’a pas volontaire­ment percuté le gendarme Daniel Briere ( ci-dessus en photo).
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