Nice-Matin (Cannes)

Le plan d’Urvoas contre la surpopulat­ion carcérale

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Comment en finir avec la surpopulat­ion chronique des prisons françaises? Jean-Jacques Urvoas a proposé, hier, un plan ambitieux et à long terme de constructi­on de nouvelles cellules. A sept mois de la présidenti­elle, le ministre de la Justice a espéré que son rapport sur l’encellulem­ent individuel, un principe inscrit dans la loi depuis 1875 mais jamais respecté, fera consensus à droite comme à gauche. « Il n’est plus compréhens­ible que nous soyons incapables d’appliquer ce principe et il devient périlleux de ne pas trouver les moyens de le respecter durablemen­t pour la sécurité du pays, de la détention et pour l’objectif de réinsertio­n sociale », écrit le ministre dans son rapport, remis au Parlement et présenté lors d’une visite au centre pénitentia­ire de Fresnes (Val-de-Marne).

Il manque   places

Après avoir battu un record en juillet, la population pénale totalisait en août 68 819 détenus pour 58 507 places de prison, soit un manque de 10 312 places. A cette date, seuls 26 829 détenus disposaien­t d’une cellule individuel­le et plus de 1 500 autres dormaient sur des matelas posés au sol. Pour le garde des Sceaux, « si l’objectif de réinsertio­n » des détenus ne suffit pas à justifier le principe d’un détenu par cellule, les conditions de détention des personnes mises en cause dans les dossiers terroriste­s, notamment islamistes, le rendent aujourd’hui nécessaire pour lutter contre le prosélytis­me et travailler sur la déradicali­sation. Pour que 80 % des détenus bénéficien­t d’une cellule individuel­le, Jean-Jacques Urvoas estime qu’il faudra construire d’ici 2025, en tenant compte des programmes immobilier­s en cours, entre 10 309 cellules (dont près de 800 doubles) et 16 143 cellules (dont près de 1 500 doubles). Selon le rapport, il est indispensa­ble de maintenir des cellules collective­s pour les détenus qui le souhaitent ou en raison d’autres nécessités (prévention du suicide, organisati­on du travail...). Le Premier ministre Manuel Valls a récemment estimé qu’il faudrait créer 10 000 places dans les dix ans, évoquant un budget de trois milliards d’euros et promettant pour l’automne un plan « spécifique, concret, précis » et surtout « financé ».

« Loi de programmat­ion pénitentia­ire »

Pour le ministre, ce programme immobilier ambitieux nécessite « une vision à long terme (...) qui ne saurait être contrainte par les agendas politiques ». Il propose donc l’instaurati­on d’une loi de programmat­ion, comme celle des ministères de la Défense ou de l’Intérieur, portant sur les crédits immobilier­s et le budget pénitentia­ire avec un engagement compris entre 1 et 2,5 milliards d’euros. Il ne souhaite d’ailleurs pas attendre les prochaines échéances électorale­s pour agir : il demande dès aujourd’hui 1,1 milliard d’euros d’autorisati­on d’engagement­s sur le budget 2017 pour financer d’ores et déjà la constructi­on de 4 355 places en maisons d’arrêt.

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Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, a présenté son rapport depuis la prison de Fresnes. (Photo AFP)

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