Eh Oh la jeunesse
L’heure du bilan arrive à grande vitesse pour François Hollande. Les comptes présidentiels seront, en effet, arrêtés en cette fin d’année . Des statistiques dressent déjà un premier tableau. Ainsi, en dépit des baisses d’impôt engagées, la pression fiscale n’aura cessé d’augmenter au cours de son mandat : les prélèvements obligatoires ont bondi de ,% en à ,% cette année. Où est passé cet argent ? Dans la lutte contre le chômage ? La courbe ne sera pas inversée par rapport à . Dans l’aide aux entreprises ? La part de l’industrie dans le Pib continue de stagner alors que le monde se réindustrialise. Dans l’Education nationale? De fait, les crédits ont augmenté mais, au total, la part de ce ministère dans le budget de l’Etat a reculé : en , elle était de ,%, en , elle n’était plus que de ,%, après un pic à ,% en . Bref, rien de spectaculaire alors que le Président avait fait de la jeunesse sa priorité absolue. Ne lançait-il pas dans son fameux discours du Bourget de janvier : « Je ne veux être jugé que sur un seul objectif : est-ce que les jeunes vivront mieux en qu’en ? ». La réponse électorale des étudiants en âge de voter risque d’être cinglante. La France connaît, de fait, un phénomène sans précédent : depuis , la dépense publique par étudiant n’a cessé de diminuer, passant de euros en début de quinquennat à euros en . Pour une raison bien simple : l’Etat n’a pas su anticiper la hausse continue des entrées à l’université. Plus en , plus cette année. La démographie n’est pourtant pas une science occulte. Cette évolution était prévisible. Nul, de toute évidence, ne s’en est inquiété. L’évolution du budget depuis quatre ans en témoigne : les dépenses publiques en faveur de l’université y ont toujours progressé moins vite que le nombre d’étudiants. Du coup, le gouvernement court maintenant après eux et annonce une rallonge de millions d’euros dans le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche. Thierry Mandon, secrétaire d’Etat depuis , n’est sans doute pas pour rien dans cet effort. Compétent, courageux, il n’a pas hésité, par exemple, à utiliser le mot tabou de « sélection » il y a deux jours. Il voulait en souligner la nécessité pour le passage en master , la quatrième année universitaire. Un gros mot pour sa ministre, Najat Vallot-Belkacem, artiste de la langue de bois : dans sa bouche, sélection devient recrutement ! Elle entend même que son secrétaire d’Etat revienne sur sa déclaration. Basse querelle de pouvoir. Une chose est, en tout cas, certaine : à l’heure des comptes, la ministre sera la principale responsable du bilan éducatif hollandais. Pas sûr que parents d’élèves et étudiants lui délivrent une bonne note!
« La réponse électorale des étudiants en âge de voter risque d’être cinglante. »