Nice-Matin (Cannes)

Eh Oh la jeunesse

- Par DENIS JEAMBAR

L’heure du bilan arrive à grande vitesse pour François Hollande. Les comptes présidenti­els seront, en effet, arrêtés en cette fin d’année . Des statistiqu­es dressent déjà un premier tableau. Ainsi, en dépit des baisses d’impôt engagées, la pression fiscale n’aura cessé d’augmenter au cours de son mandat : les prélèvemen­ts obligatoir­es ont bondi de ,% en  à ,% cette année. Où est passé cet argent ? Dans la lutte contre le chômage ? La courbe ne sera pas inversée par rapport à . Dans l’aide aux entreprise­s ? La part de l’industrie dans le Pib continue de stagner alors que le monde se réindustri­alise. Dans l’Education nationale? De fait, les crédits ont augmenté mais, au total, la part de ce ministère dans le budget de l’Etat a reculé : en , elle était de ,%, en , elle n’était plus que de ,%, après un pic à ,% en . Bref, rien de spectacula­ire alors que le Président avait fait de la jeunesse sa priorité absolue. Ne lançait-il pas dans son fameux discours du Bourget de janvier  : « Je ne veux être jugé que sur un seul objectif : est-ce que les jeunes vivront mieux en  qu’en  ? ». La réponse électorale des étudiants en âge de voter risque d’être cinglante. La France connaît, de fait, un phénomène sans précédent : depuis , la dépense publique par étudiant n’a cessé de diminuer, passant de   euros en début de quinquenna­t à   euros en . Pour une raison bien simple : l’Etat n’a pas su anticiper la hausse continue des entrées à l’université. Plus   en , plus   cette année. La démographi­e n’est pourtant pas une science occulte. Cette évolution était prévisible. Nul, de toute évidence, ne s’en est inquiété. L’évolution du budget depuis quatre ans en témoigne : les dépenses publiques en faveur de l’université y ont toujours progressé moins vite que le nombre d’étudiants. Du coup, le gouverneme­nt court maintenant après eux et annonce une rallonge de  millions d’euros dans le budget  de l’enseigneme­nt supérieur et de la recherche. Thierry Mandon, secrétaire d’Etat depuis , n’est sans doute pas pour rien dans cet effort. Compétent, courageux, il n’a pas hésité, par exemple, à utiliser le mot tabou de « sélection » il y a deux jours. Il voulait en souligner la nécessité pour le passage en master , la quatrième année universita­ire. Un gros mot pour sa ministre, Najat Vallot-Belkacem, artiste de la langue de bois : dans sa bouche, sélection devient recrutemen­t ! Elle entend même que son secrétaire d’Etat revienne sur sa déclaratio­n. Basse querelle de pouvoir. Une chose est, en tout cas, certaine : à l’heure des comptes, la ministre sera la principale responsabl­e du bilan éducatif hollandais. Pas sûr que parents d’élèves et étudiants lui délivrent une bonne note!

« La réponse électorale des étudiants en âge de voter risque d’être cinglante. »

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