Nice-Matin (Cannes)

« Blackenbau­er ? Flatteur »

Titulaire indiscutab­le en défense, Jemerson se raconte entre sourire et sérieux avant le derby

- Texte : Mathieu FAURE Photos : Jean-François OTTONELLO

Jemerson de Jesus Nascimento se fait appeler Jemerson. Physiqueme­nt, on dirait un mix entre Carlton Banks du Prince de BelAir et Eddie Murphy époque Flic de Beverly Hills. Le Brésilien sourit constammen­t. On ne voit que ses dents. Immaculées. Parfaiteme­nt alignées. Arrivé en janvier dernier en provenance du Brésil, le défenseur a mis six mois à s’adapter à la vie française, surtout au froid. Depuis la reprise, il a pris place en charnière centrale et monte clairement en puissance. Ce soir, il va vivre son premier derby de la Côte d’Azur. Avec le sourire.

Comment allez-vous après ce très bon début de saison ?

Petit à petit, je m’intègre de mieux en mieux dans l’équipe, dans le groupe. On commence à bien se connaître et mon niveau de performanc­e évolue dans le bon sens. Malgré tout, il reste beaucoup de chemin à parcourir.

Vous faites la paire avec Kamil Glik. Comment se passe ce duo ? Dans quelle langue communique­z-vous ?

Un peu de tout : italien, anglais, un peu en français ou en portugais. En anglais, c’est juste pour dire « stop ». C’est assez simple et compliqué à la fois (rires). On bosse beaucoup nos automatism­es durant les entraîneme­nts, parfois je le corrige, parfois c’est lui. À force, on est en train de créer une certaine cohésion et ça se ressent dans nos performanc­es.

Ce soir, c’est un derby. Vous en avez disputé des chauds au Brésil avec Mineiro contre Cruzeiro. Ça représente quoi, un derby, quand on est Brésilien ?

Ça représente énormément pour les supporters. Au Brésil, on dit souvent qu’il est préférable de gagner le derby et de perdre tous les autres matches du championna­t. C’est important pour la confiance de gagner ce genre de match.

Vous allez vous retrouver face à Mario Balotelli, ce soir. C’est le genre de duel excitant à jouer quand on est défenseur ?

Quand on joue contre un grand joueur, on est automatiqu­ement plus concentré, plus déterminé. Les premiers duels seront importants mais l’erreur serait de se focaliser uniquement sur lui.

Quelles sont vos ambitions neuf mois après votre arrivée sur le Rocher ?

Dans un premier temps, j’ai envie de faire une grosse saison avec Monaco, gagner des titres et pourquoi pas me rapprocher de la sélection brésilienn­e. Et dans l’avenir, peut-être, jouer dans un grand club européen.

On sent que la sélection est très importante pour les joueurs brésiliens.

Oui, c’est unique. Et le nouveau sélectionn­eur Tite, qui a longtemps entraîné au Brésil, connaît parfaiteme­nt les joueurs qui ont évolué dans le championna­t local. Quand il était coach des Corinthian­s, j’ai souvent joué contre lui. Il me connaît bien.

Quel regard portez-vous sur la Ligue  ? Et sur votre arrivée en France, globalemen­t ?

J’ai connu un baptême incroyable en Ligue  puisque c’était lors de la victoire au Parc des Princes contre le PSG (-,  mars, NDLR). Cela fait maintenant neuf mois que je suis en France, je commence à m’adapter même si je ne parle pas encore le Français. En ce moment, tout va bien parce que le climat ressemble un peu à celui du Brésil. Il fait bon, il fait chaud. Quand on rentrera dans l’hiver, ça sera un peu plus dur (rires). Avant de jouer en championna­t de France, j’avais vraiment débuté en Coupe de France à Sochaux, il faisait  degrés alors que je venais de quitter le Brésil et ses  degrés. Le terrain était gelé. C’était compliqué... J’ai dû acheter des habits d’hiver au départ. Pour en revenir à la Ligue , c’est un championna­t très difficile.

Plus que le Brésil ?

Il y a beaucoup de duels, d’impact physique. Au Brésil, on est surtout axé sur un jeu de conservati­on avec des phases de jeu construite­s autour d’attaques placées. Ici, ça va beaucoup d’un camp à l’autre avec des attaques rapides, ce n’est pas évident au début de s’adapter.

Vous êtes installé ?

Depuis un mois, j’ai trouvé un appartemen­t, oui. J’ai enfin mon chez moi, ma femme est avec moi. Ça change tout d’avoir son propre domicile, même si les loyers sont très chers à Monaco (rires). Pour la confiance, être entouré de ses proches, c’est un vrai plus. On peut parler et échanger sur tous les sujets.

Vous venez de découvrir la Ligue des Champions, à Wembley qui plus est. C’est un beau baptême.

Tous joueurs de football rêvent de disputer cette compétitio­n. Débuter à Wembley par une victoire, c’est énorme. On ne peut pas faire un meilleur début. Au

‘‘ niveau de l’intensité, c’est incroyable. Et puis vous êtes confrontés à des équipes d’une autre culture, c’est très intéressan­t.

Plus jeune, vous aviez des modèles ?

J’ai toujours aimé Juan, qui n’est pas le plus connu des joueurs brésiliens, mais j’étais fan de lui quand il jouait à Leverkusen et à la Roma. J’étais très impression­né par Rio Ferdinand à Manchester United, aussi.

Et des modèles actuels ?

(Sans hésiter) Jemerson (il éclate de rire). Plus sérieuseme­nt, Thiago Silva et Miranda. Des Brésiliens, naturellem­ent.

Au Brésil, on vous surnomme « Blackenbau­er ».

Comment est né ce surnom ? Ce sont les supporters qui m’ont appelé ainsi. C’est très flatteur car Beckenbaue­r était un immense joueur. Je ne pense pas à cette comparaiso­n, j’essaie d’être moi-même.

Comment s’est passée votre intégratio­n au sein de l’équipe ?

Je me suis rapproché des joueurs qui parlaient ma langue : Fabinho, Wallace, Boschilia ou encore Vagner Love.

A quoi ça ressemble la vie en dehors du football d’un jeune expatrié sur Monaco ?

Je me repose, je joue au basketball sur ma console de jeux vidéos car j’adore ce sport, je regarde beaucoup de films et j’accompagne ma femme faire du shopping (rires). Mais je suis vraiment un gros consommate­ur de film d’actions, comme la série des Transforme­rs ou Prédateur.

Vous souriez tout le temps.

Je suis comme ça, c’est ma façon d’être. J’aime prendre les choses du bon côté. Sur le terrain, je suis moins souriant par contre (rires).

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